PAIN MAGAZINE - Violent God
- Alice
- il y a 1 jour
- 4 min de lecture

Genre : Rock Post Hardcore / Musique électronique / Post-Punk
Pays : France/Etats-Unis
Label : Humus Records
Date de sortie : 03.10.25
Magazine désignant le chargeur d’une arme en anglais ? Ou le périodique ? Un magazine sur la boulangerie, en référence aux français de ce supergroupe ? Que nenni… Cette fusion entre le trio français Birds in Row, roulant leur bosse dans le post-hardcore, et le duo américano-français Maelstrom & Louisahhh, officiant plutôt dans la techno, ne mérite pas mes vannes pourraves. En revanche, tout est prétexte à piquer ma curiosité : de cette étonnante fusion aux très nombreux genres avec lesquels ils prétendent jongler, il y a en principe largement de quoi satisfaire l’amateur de bizarreries et curiosités qui sommeille en moi. A voir si l’originalité s’est montrée payante !
Le début de l’album n’est pas très dansant, et lorgne plutôt vers les genres « post-… » précisés sur l’étiquette. En fait, dès premier titre « Violent God » et son chant presque fanatique, on comprend que la lumière ne percole pas beaucoup dans l’univers de Pain Magazine… Ils portent bien leur nom au moins ! Les deux premiers titres sont les plus glacés, lugubres, hurlants, enragés. Non pas que le reste de la galette n’est pas globalement morose et inquiétante, balafrés de supplices, de cris ou d’attaques frontales, mais « Violent God » et « Weak & Predatory » font office de barrière d’entrée si vous vous attendiez à du plus péchu. Mais restez alors jusqu’à « Dead Meat » qui est un peu plus véloce et entrainant, et le reste du voyage ne décevra pas (non pas que les deux premiers titres ne déplaisent, loin de là. Ils ont parfaitement leur place sur l’album et demeurent qualitatifs)
« Nice Guy » débute avec un silence assourdissant, que l’on croit provenir de très lointaines machines… ou de notre propre esprit malade ! Mais il recèle en fait un très chouette titre plus péchu, plus proche d’un tube de danceclub. Bon… bien bresom évidemment, on est plus proche de Minuit Machine, Horskh ou Sierra que de Martin Solveig, soyons sérieux. Et les paroles, que l’on pouvait également imaginer compte tenu du titre du morceau, sont tout aussi caustiques. « Magic » quant à lui, m’évoque un peu plus les délires foutraques de Sexy Sushi, et c’est avec beaucoup de respect et d’admiration que j’utilise ces termes et cette comparaison. Court, bruyant et entrainant… c’est un « entracte » très savoureux. Et une opposition très nette avec la chanson suivante « Like A Storm », peut-être l’un des titres les plus calmes de l’ensemble, malgré un final plus strident. Le chant est éthéré et doux, les instruments plus minimalistes, et l’ensemble presque mystique et introspectif.
« Choke Points » est le titre le plus long de ce premier opus, et il s’accompagne d’une voix robotique aux paroles cryptiques et menaçantes… comme tout bon androïde/robot/IA/autre-vilain-mécanique-de-votre-choix finalement ! Une voix robotique qui semble devenir jalouse et même se questionner sur son rôle dans l’existence. Un classique de la SF, modernisé à la sauce tristement contemporaine, mais qui fonctionne à merveille pour de la musique électronique bien sûr ! Ce long monologue se poursuit tout au long des six minutes du titre, et c’est environ au milieu que l’instru dévoile réellement ce qu’elle a dans le bide sans crier gare. Un drop surprise synonyme de véritable extase, pour un titre hypnotique et puissant ! « A Good Hunter » vient encore nous prendre à revers en revenant vers les bases posées par « Like A Storm » : voix douce, instrumentale tendre et triste, on est encore sur un excellent entremets, offrant une pause pas désagréable entre deux titres plus maous.
On termine l’aventure avec « Bastion », « Horse Song » et « Husk » : le premier reste mesuré dans ses BPM, et revient plutôt à la formule employée au début de l’opus, avec un chant masculin vociférant de douleur au milieu d’une mer calme aux parfums de spleen. Le second reste sur une atmosphère déprimante comme un soir de pluie et un rythme plutôt bas, mais relance le chant plus clair et perdu dans le lointain. Le troisième enfin, remet un peu de techno plus punchy dans notre assiette, prise en sandwich entre une intro minimaliste où la voix prend un ton grave et une fin plus planante en guise d’épilogue. Elle ne se hisse pas au rang des tubes que sont « Choke Points » et « Nice Guy » en matière de roulages d’épaules et de tête qui se trémousse, mais il forme une synthèse plus qu’appropriée.
Quelle fantastique découverte que ce premier né de Pain Magazine ! Composite, prenant plaisir à jouer avec toute la palette d’émotions dont ils sont capables avec leur impressionnant CV riche de plusieurs genres musicaux proches dans les idées, mais parfois bien différents dans la pratique, le supergroupe délivre un onze-titres puissant et fragile, touchant et bouillonnant de rage à la fois. Pas étonnant que le press kit nous délivrait également l’ensemble des paroles… elles valent aussi le détour, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi l’univers de Violent God est aussi terne. Quoiqu’il en soit, Pain Magazine est un énième exemple que la France regorge de projets fabuleux en matière de musiques électroniques sombres… et pas seulement en matière d’electro plus accessible, voire commerciale. Les trois exemples cités plus haut (non, pas Martin Solveig…) n’étant que d’autres preuves de ce que j’avance, et valent autant le détour si vous n’y avez jamais jeté une oreille curieuse. Quant à Pain Magazine… il n’y a plus qu’à croiser les doigts que ce n’était pas qu’un one-shot !





