INHUMAN NATURE - Greater Than Death
- Ale
- 30 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin

Genre : Thrash Metal
Pays : Royaume-Uni
Label : Church Road Records
Date de sortie : 25.04.25
La jeunesse d’Inhuman Nature me rassure et m’effraie en même temps, comme c’est souvent le cas lorsque l’on évoque des groupes de thrash modernes. D’un côté, on peut espérer une injection de sang neuf au sein d’un genre qui en a décidément bien besoin. De l’autre, on peut aussi s’attendre à du très classique, du simple hommage à l’âge d’or du genre… Et dans un cas comme dans l’autre, il est normal de se montrer indulgent envers un groupe qui a encore tout à prouver, qui a encore bien le temps de s’améliorer et de s’affiner. A moins d’une catastrophe industrielle, nous analyserons ce second opus du quintet britannique avec bienveillance.
Et c’était la bonne mentalité à avoir, parce qu’Inhuman Nature est décidément bien prometteur ! On crève l’abcès tout de suite cependant : non, la fougueuse jeunesse du quintet n’a pas pris le thrash pour en redessiner tous les codes. Il n’y a guère que moi qui s’y attend encore je pense. A la place, Inhuman Nature se contente de reprendre les meilleurs ingrédients pour nous proposer un peu plus d’une demi-heure de thrash survitaminé, débarassé de ses artifices pour aller vers l’essentiel. Aucune pause, aucune accalmie… Juste une pluie dévastatrice sortant non pas d’une mitrailleuse, mais carrément d’un minigun ! D’une certaine façon, ils me rappellent un peu le vent de fraîcheur apporté par Lost Society a l’époque, qui revitalisait totalement le genre sans pourtant beaucoup retoucher à la recette. Alors certes, Inhuman Nature propose un chant plus grave et rauque, et n’a pas le côté grivois un peu bas-du-front de certains titres de Lost Society… Mais ils ont la même énergie destructive, et les mêmes thématiques bien edgy qui, si elles font un peu kitsch ou cliché, font partie intégrante d’un album thrash réussi.
Franchement, rien n’est à jeter sur cet album : dès l’intro passée ("From The Shadows"), on se tape un sprint étendu à la durée d’un marathon. "Dawn Of Inhuman Man » est aussi puissant que rapide, et ne perd par une seconde pour nous jeter sous le rouleau-compresseur. Son pont est déjà annonciateur de grandes et belles choses aussi, pour mon plus grand plaisir… Sans doute mon péché mignon en matière de thrash, et Inhuman Nature nous régale à ce niveau. "Possessed To Die" en délivre un somptueux aussi, idem pour "Servants of Annihilation"… et tous les morceaux en fait. Car les britanniques sont généreux à souhait, inarrêtables et démentiels. "Fortress Of Delusion" freine un peu le tempo (mais certainement pas sa force de frappe) pour nous délivrer un titre long de six minutes. Froid et lugubre pendant ses deux premières minutes pour faire monter la sauce, avant de tout balancer avec perte et fracas, avant de revenir à une bombe sonore glacée pour les derniers instants du titre. "Lines In The Sand II" surgit presque sans transition pour, vous l’aurez deviné, une nouvelle salve absolument sans pitié. Il serait redondant de vous décrire les titres restants… non pas qu’ils deviennent lassants ou qu’ils perdent en qualité loin de là. Mais parce qu’ils continuent sur leur lancée en nous délivrant des kilotonnes de TNT. Seul "The Maze Of Eternity", avant-dernier titre, nous permet de reprendre un peu notre souffle : il est plus posé, avec une guitare hurlant dans le lointain. Il agit comme un pont idéal entre "Mad Man’s Cage" et l’ultime salve d’artillerie lourde qu’est "Dead And Buried". Avec un tel opus, on ne s’attendait pas à autre chose qu’une dernière tranche de bon metal hurlant.
Il y a sans doute une pointe d’hypocrisie, voire de bipolarité, à osciller sans cesse entre "l’album n’invente rien et c’est dommage" et "l’album n’invente rien, mais il est tellement bon que ça passe". Mais que voulez-vous : l’exercice de la critique implique toujours une dose plus ou moins assumée de subjectivité. Et si beaucoup d’albums de thrash récents me laissent un peu de marbre, il est impossible de rester coi devant le talent d’Inhuman Nature. Parce qu’ils ne font pas qu’émuler leurs glorieux ancêtres : ils parviennent pratiquement à les égaler.