CREMATORY - Destination
- Ale
- 12 juil.
- 4 min de lecture

Genre : Gothic Metal
Pays : Allemagne
Label : ROAR
Date de sortie : 02.05.2025
Les fans de Crematory peuvent se réjouir de retrouver un véritable festin à leur table cette année ! Non seulement on se tape un dix-septième album (quand même ! Pas mal en 34 ans…), mais également une version remasterisée de leur premier opus "Transmigration", tout juste sortie, un mois après ce "Destination" que l’on va s’empresser de découvrir. Je fais exception à ma règle de ne plus chroniquer d’albums de soi-disant « gothic metal » pour les allemands, principalement parce qu’après une telle carrière, on peut s’imaginer qu’ils maitrisent leur sujet… même si, ironiquement, ils n’ont pas trop la dégaine que l’on se fait des gothiques. Peut-être un bon présage au final. Tant qu’on en est au rayon des signes avant-coureur n’ayant pas vraiment de sens, précisons aussi que la pochette de l’album est bien jolie. Voilà. Ce n’est pas gage de qualité, mais ça fait toujours plaisir !
Trêve de louanges basées sur rien et quid de l’album en lui-même ? Bah ça ressemble effectivement un peu plus à l’idée que je me fais d’un genre portant "gothique" dans son nom ! OK oui, ce n’est pas que ça… y’a quand même des gros relents de doom, quelques discrètes touches aux allures indus et même… du sympho, avec ce fichu piano qui s’invite toujours à la fête, au point que ça en devient quand même cliché. Mais si ce cocktail étrange entame l’album, "Welt Aus Glas" est plus franco dans son approche industrielle, pour un résultat plus réussi, à la fois doux et tonitruant, lorgnant du côté de la NDH moderne ! Quant à "The Future Is A Lonely Place" par contre… ? Gothique à fond ! Si ce n’est pour le growl dans la voix, on croirait vraiment entendre un hymne sorti au début des années 80, un pur tube dansant à fond. "My Girlfriend’s Girlfriend" semble être le morceau rigolo de la galette, avec ses allures de pop metallisée. C’est lumineux, d’un apparat plus kitsch que réellement sensuel, on dirait presque du Lordi !
"After Isolation" est l’un des titres les plus doux de la galette, avec un chant aussi tendre que peut l’être avec la voix rocailleuse de Felix… et un enrobage plus lumineux et théâtral, presque mélancolique. On est clairement sur la "power ballad" de l’album, et elle n’est pas mal du tout ! Touchante, posée avec juste ce qu’il faut de chair pour se garnir de quelques passages plus forts, où les émotions jaillissent. Cela pourrait paraître un peu kitsch aussi, et pourtant… ça fonctionne malgré tout surprenamment bien. « My Own Private God » fait revenir les sons de cathédrale entendu sur le titre d’ouverture, et une plus grande emphase sur le growl… qui, comme pour "The Future Is…" est peut-être le seul truc qui vient jurer avec l’ADN hyper-goth du titre sinon. On sent l’influence des classiques, et ça fait plaisir ! "Days Without Sun" fait aussi très "NDH contemporaine", mais fonctionne un poil moins bien que "Welt Aus Glas"… et je ne pense pas que ce soit uniquement parce que le chant est en anglais, ce n’est pas si hérétique qu’il n’y parait ! Le titre est juste un peu fade, et il est un peu trop clean… à l’image d’autres projets comme Stahlmann ou Schattenman par exemple, que je ne porte pas spécialement dans mon cœur. Disons à titre de comparaison que j’aime plus l’industriel quand il semble tout droit sorti d’une froide machine, pas quand il a l’air aussi lisse et sobre qu’un iMac.
On retourne a un titre plus tendre et langoureux avec "Deep In The Silence". Un peu comme pour l’exemple précédent, on semble avoir un titre très proche et pourtant moins bon, cette fois en comparaison à "After Isolation". C’est juste un peu trop dégoulinant de bons sentiments, un peu trop facile, un peu trop mièvre, là où le précédent avait la présence d’esprit d’envoyer la purée aux instants les plus judicieux. "Banished Forever" fonctionne également mieux avec ses nappes de piano (encore !), son pont contemplatif se mutant en guitare tranchante avant de basculer sur une véritable apothéose hyper-scénique, tandis que le chant, si toujours éraillé, fonctionne par l’énergie du désespoir qu’il déploie. LA, on rivalise avec "After Isolation" ! "Ashes of Despair" est peut-être un peu plus old-school, un rien plus cristallin, mais sinon la recette est assez proche. « Toxic Touch » démontre que l’album commence doucement à s’essoufler, et à proposer un peu les mêmes thématiques avec les mêmes artifices. Certes, les touches industrielles sont toujours savamment dosées et agréables à l’oreille, mais le titre finit par se mêler au reste, sans réellement parvenir à ressortir de quelconque façon. Reste alors "Das Letzte Ticket", qui ne relève pas entièrement le niveau, mais offre tout de même une conclusion satisfaisante, avec son enveloppe éthérée et son chant caverneux. On n’a malheureusement pas de vrai bouquet final, et le titre semble n’aller nulle part… mais au moins, ça sonne bien !
BREF. Crematory a clairement de beaux restes, et me laisse un poil plus rassuré quant à ce qu’il est possible de retrouver sous l’étiquette "gothic metal", même si ce n’est pas encore tout à fait ça. Ce "Destination" est en dents de scie, principalement parce qu’il manque d’un peu de folie, qu’il se montre un peu trop paresseux une fois qu’il trouve sa vitesse de croisière. Et à titre personnel, y’a pas à dire… J’aurai aimé plus de titres de la trempe de la première moitié de l’album, surtout "The Future Is A Lonely Place", "Welt Aus Glas" ou même "My Girlfriend’s Girlfriend". Mais on va se rabattre sur la justification que, quand même, on ne peut pas vraiment s’attendre à un magnum opus lorsque l’opus en question est le dix-septième. C’est déjà super qu’il conserve encore quelques beaux spécimens fortement plaisants, et que son seul péché et d’être un peu trop conservateur.