
Genre : Thrash Metal
Pays : Etats-Unis
Label : Napalm Records
Date de sortie : 14.03.2025
C’est avec l’esprit frais que je découvre ce septième opus de Warbringer. D’une part parce qu’il s’agit encore d’un groupe que je connais mal, et d’autre part parce qu’une bonne cure de thrash metal m’a permis de réapprécier ce genre si cher à mon cœur, mais ô combien répétitif au fil des années et de ses nombreux groupes, abreuvant la collection d’albums certes très bons, mais aux codes assez rigides. Et autant il est concevable de n’attendre pas grand-chose que du bon vieux thrash à l’ancienne de la part de formations pionnières toujours actives quarante ans après, autant il est facile de trouver dommage que des groupes plus récents, ayant largement contribués à remettre le genre sur le devant de la scène, ne se contentent souvent que d’émuler (souvent avec brio tout de même) le glorieux passé de leurs inspirations. Warbringer en fait partie : actifs depuis déjà vingt ans tout de même, ils font partie avec d’autres exemples somptueux comme Lost Society, Havok ou Angelus Apatrida de ce nouvel âge d’or qui peine malgré tout à se distancer de ce qui fait du thrash… du thrash. Qualité certaine pour les fans absolus, mais tout de même un petit bémol pour les gens comme moi qui attendent un peu plus de fantaisie d’un genre héritier notamment du punk. Lost Society avait fait froncer les sourcils de quelques fans en changeant de cap pour "No Absolution" et "If The Sky Came Down" , mais ça affichait surtout leur talent et leur créativité, en se montrant tout à fait capable de proposer autre chose. Mais on en revient à l’éternel débat sur ce qu’il est mieux de faire : conserver sa base de fans en proposant un peu toujours la même chose en affinant la formule, ou bien basculer parfois du tout au tout en variant radicalement de registre. Bref.
Ce "Wrath And Ruin" ne va clairement pas si loin, et ne devrait pas dépayser les fans de thrash ni les fans du groupe. On est assurément sur du thrash bien comme il faut, qui ne perd pas de temps avec des titres mid-tempo pour mon plus grand plaisir. La crainte était possible toutefois, sachant que l’album compte "seulement" huit morceaux, dont la moitié fait plus de cinq minutes (et un cinquième s’en rapprochant, avec ses 4 :58 minutes). Un véritable délice pour ma part, tant je kiffe le thrash qui prend son temps pour déployer des véritables salves de roquettes multiples et techniques, mais qui peut aussi déboucher sur des coups de mous. Il n’en est rien ici : accrochez vos ceintures, parce que le quintet ne fait aucune concession. On débute très fort avec "The Sword And The Cross", qui dispose d’un pont délicieux, somptueux, long, qui ne s’embrase pas trop pour plutôt jouer sur le généreux et le mélodieux. Mais on passe facilement sur trois ambiances différentes, s’imbriquant parfaitement entre elles, un leitmotiv récurrent pour tout l’album… le tempo est variable, pas la férocité des instruments, et surtout du chant, constamment énervé ! "A Better World" démarre comme une pluie de pétards, à toute berzingue et avec la délicatesse d’une moissonneuse-batteuse… une constante des trois titres plus courts, qui donnent absolument toutes leurs tripes pour compenser ! Ce qui ne les empêche pas d’avoir quelques ponts, un poil plus courts… mais d’autant plus bruyants et frénétiques. Une autre grande force du groupe ! "Neuromancer" est une vraie mitrailleuse… ou tronçonneuse, c’est selon. En tout cas le titre ne ferait clairement pas tache dans un Doom ou un Killing Floor, et la basse, toujours discrète, mais un poil plus marquée, n’est pas pour déplaire non plus. Et là aussi, un bridge soigné et endiablé, balayant tout sur son passage.
On ne peut pas décemment tout vous faire, alors voilà un florilège rapide : "The Jackhammer" est le morceau le plus court de la galette, mais il porte son nom à merveille. Les guitares crient à la mort, et balancent leurs hurlements stridents dans le lointain pendant que la batterie mouline tout sur son passage. "Through A Glass, Darkly" parait presque être une pièce de théâtre tragique, démoniaque même, se montrant plus grandiloquente et lyrique sans perdre pour autant de puissance. Oh, et le pont est encore génial, ça commence à être une habitude. "Strike From The Sky" est une folie furieuse, une tornade de flammes et de destruction qui fracasse tout et qui promet des pogo des plus douloureux ! "Cage Of Air" est une autre belle démonstration de force et de jeux de rythmes, notamment avec son final, démarrant calmement et de manière minimaliste, avant de s’emballer dans une spirale infernale basculant presque vers le death avec ses gros blast beats ! Tandis que "The Last Of My Kind" reprend un peu tout ça, pour un final sous-forme de synthèse qui referme ce chapitre délectable et enragé tout du long.
Peut-être du coup que mon avis est plus élogieux qu’il ne l’aurait été au milieu de nombreuses autres sorties thrash, parce qu’il faut le dire (j’ai du mal à quitter mes habitudes…) : Warbringer ne part pas dans l’originalité la plus folle. Mais chaque morceau est néanmoins très réussi, et malgré sa propension pour le vacarme et la vitesse, le groupe ne lasse jamais… il ne nous en laisse pas le temps ! Assurément une cartouche très sérieuse pour ce premier quart de 2025, et peut-être déjà en lice pour être l’un des plus gros cartons thrash de cette année.