
Genre : Prog metal
Pays : Etats-Unis
Label : Nuclear Blast
Date de sortie : 09.06.2023
Le côté "screamo" du quatuor a de quoi désarçonné, ce n’est pas si commun d’avoir un tel type de chant pour accompagné du metal progressif (ou alors je n’en écoute clairement pas assez !) A l’issue du premier morceau, j’admets avoir sué à grosses gouttes en m’attendant au pire, n’appréciant vraiment pas ce genre de metal aux parfums mélodiques me laissant coi. Fort heureusement, le "prog" promis n’est pas là pour la déco, et comme souvent, des touches assez proches du post-rock viennent se glisser ci et là pour rajouter un peu de planant à l’ensemble des titres. L’ouverture, baptisée "Catch Your Death" s’achève de manière un peu abrupte, il est vrai… Mais on n’a pas le temps de poser de question que la basse de "Witch House" vient nous faire vrombir les tympans, tandis que la batterie vient nous remettre la colonne vertébrale en place. Planant j’ai dit ? Oubliez ça… On a là un gros pétard musclé qui vient nous apprendre l’humilité ! La chanson consolide aussi les bases présentées d’emblée : on aura bien ce curieux, mais efficace cocktail doux-amer allant du mystique et éthéré au violent et puissant… Bien que ce sont ces derniers adjectifs qui priment. Pas foncièrement un mal en soit, que du contraire, cela donne des titres très pêchus et à l’évolution la plupart du temps davantage appuyée par la voix que par les instruments.
On regrettera tout de même deux petits bémols à l’ensemble, finalement plutôt équilibré et plaisant dans ses jeux de rythmes, ses breaks. Premièrement, une certaine homogénéité de la formule : une fois les 3-4 premiers titres écoutés, nous ne sommes plus vraiment surpris du déroulé des autres chansons de l’album. Il finit par manquer un peu d’audace, de mordant, de diversité. L’autre aspect navrant réside dans son prog finalement un peu timide. Exit les titres vraiment longs, devenant majestueux par la foule d’éléments qui les composent et qui finissent par raconter une sorte de récit par l’alternance de tempos, de sonorités, d’ambiances. Exit aussi les titres qui communiquent entre eux : si ce n’est pas une condition sine qua non pour pouvoir parler de prog (ou même de BON prog), c’est toujours agréable lorsqu’on a l’impression que l’album forme un tout, que chaque chanson est comme un nouvel épisode d’une même histoire. Ici, les titres semblent exister plutôt indépendamment, ce qui est d’autant plus curieux en sachant que la recette est toujours similaire, à peu de choses près. On retrouve fréquemment des touches acoustiques appréciables, c’est vrai. Et une certaine "rondeur" dans le son des guitares lorsque vient le moment de clore un titre ou d’appuyer son break. Mais cela ne suffit malheureusement pas à différencier réellement les onze titres de l’album, à leur donner une identité propre… Ni à les faire se suivre de manière réellement intelligente.
Je maintiens toutefois que ce "Sight To Sound" est de bonne facture. Il n’a rien de particulièrement mauvais, et reste dans l’ensemble très convainquant et efficace. Mais il suit une recette et n’a pas d’intention de la changer, même un peu. Ce qu’il perd en versatilité, il le regagne dans sa constance. Ce qu’il perd en originalité, il le maintient dans une formule maîtrisée et plaisante. Il faut espérer que vous l’aimiez beaucoup… Parce que c’est ce qui vous attend sur les onze morceaux de l’opus. Exception notable ? Les intros… Toujours inventives, mais aussi toujours un peu courtes ! "Alchemy" en est un excellent exemple, et on a l’impression de basculer entièrement dans la "post-music", pour repartir sur quelque chose de plus émotif, de plus torturé… "Nightlife" semble débuter un bridge plus mélodique et distant, pour repartir faire une grêle de poings et un chant enragé… Tout cela est fort plaisant et bien fichu, mais on aurait aimé avoir plus avec ces quelques fulgurances. "For The Birds" est plus posée et évite de partir dans un feu d’artifice total comme la vaste majorité des explosifs morceaux du groupe. On s’accroche à cet OVNI avec grand plaisir, même s’il garde un certain mordant. Nul doute que moins de morceaux, mais plus complexes aurait donner quelque chose de plus grandiose. Dommage de la jouer si safe… Mais assurément, il y a matière à creuser !