© Guillaume SONNET
En 2023, le groupe français JIRO s’est réinventé avec l’arrivée de Romain au chant, amorçant une nouvelle ère musicale. Issu des cendres d’un précédent projet, JIRO se définit aujourd’hui comme un groupe de metalcore moderne, affirmant son identité à travers un style plus brutal et direct. À l’occasion de la sortie de leur EP "Elevate Spirit" en novembre 2023, Jonathan guitariste de la formation revient sur leur démarche artistique et leurs inspirations.
Pour commencer, pouvez-vous nous présenter Jiro et nous expliquer comment l’aventure a commencé ? Il me semble que votre histoire s’est construite en deux chapitres ? Jonathan : JIRO est né en 2023 des cendres d’un ancien projet. C’est l’arrivée de Romain au chant qui a véritablement signé notre naissance tel que nous nous présentons aujourd’hui : un groupe de metalcore moderne. Par le passé, le groupe existait avec un autre chanteur mais nous ne faisions pas exactement le même genre musique. Nous avons ressentis ce besoin de clarifier notre propos, de proposer une musique plus brutale et de s’engouffrer dans le Metal de manière plus explicite. On a donc totalement retravaillé notre répertoire pour proposer un EP avec ces nouvelles compositions avec Romain notre nouveau chanteur.
Effectivement vous venez de sortir votre second EP, “Elevate Spirit”. Quels retours avez-vous reçus jusqu’à présent ? Pour nous, “Elevate Spirit” est notre premier EP. Les titres sortis précédemment appartiennent à notre ancien groupe, ce ne sont plus des musiques qu’on joue aujourd’hui ou qu’on souhaite défendre. “Elevate Spirit” est composé de 5 titres qu’on a écrit ensemble avec notre nouveau line up et c’est le début d’une nouvelle histoire. Celle-ci commence vraiment merveilleusement bien : l’EP est écouté, partagé et on sent qu’on a touché une audience à qui notre musique parle vraiment. En plus, nous avons une tournée d’automne qui suit son cours donc le calendrier de fin d’année est vraiment idéal. Pour l’instant, c’est vraiment à la hauteur des attentes que nous avons placées dans ce projet, compte tenu du temps et du travail qui ont été investis.
Vous avez notamment organisé une Release Party à Paris le 8 novembre. Quel souvenir gardez-vous de ce concert ? À la base, notre release party n’en était pas vraiment une. Cette date était prévue depuis un bon moment, car c’était un groupe d’amis qui fêtait la sortie de leur album ce soir-là ! Par la force des choses, on s’est retrouvé à sortir notre album en même temps. C’était vraiment une très belle date, une belle manière de commencer la tournée. Et puis c’est toujours agréable de jouer dans une belle salle comme le Backstage, où on a pu voir pas mal de nos groupes préférés.
Votre musique mêle Metalcore et de multiples influences. Comment décririez-vous cet ensemble ? Pensez-vous que ce mélange rend votre musique accessible à un public plus large ? Nous sommes très inspirés par la scène anglaise, avec des groupes comme Architects, While She Sleeps ou Bleed From Within… Ça transpire directement dans nos idées de nos compositions. Finalement, nos influences se cantonnent beaucoup à la scène Metal/Metalcore, mais nous avons toujours veillé à ne pas tomber dans quelque chose de trop lisse. Il est vrai que le metalcore en particulier s’est développé autour de certains standards de production avec des sonorités et aujourd’hui tout le monde s’accorde à dire que tout sonne un peu pareil. Là où on cherche à faire la différence, c’est dans le groove. Ce n’est pas pour sortir du lot, mais juste parce qu’on aime cette “science du riff” avec cette dualité entre mélodie et rythme. Nous partons du principe que pour faire une composition, il existe le riff parfait et qu’il faut le trouver. Nous pouvons aussi citer Lamb of God et Polaris comme étant des influences importantes pour nous dans ce sujet. Même si nous n’avons jamais eu la prétention de révolutionner le style mais c’est peut-être par ce vecteur là qu’on arrive aussi à toucher une audience qui cherche à renouer avec l’efficacité du riff de guitare avec sa capacité à rester en tête et se l’approprier. Comme nous aimons aussi les refrains épiques et fédérateurs, on se retrouve à faire un style de Metal qui n’est pas vraiment dans une niche donc qui parlera peut-être à un public plus large en effet. Mais rien de tout cela n’est prémédité, on fait de la musique pour nous avant tout. Il faut partir du principe qu’il y a un public pour tout, et qu’une fois que la musique sort de nos têtes, nous commençons le travail de “comment trouver notre public ?”
Comment s’est déroulé le processus d’écriture et d’enregistrement de "Last To Remain" ? Était-ce un processus d’autoproduction ? Quasiment toutes les chansons de l’EP partent d’un riff de guitare. Flo et Jon ont une ribambelle de riffs dans leurs placards et quand il y en a un qui parle à tout le monde, nous construisons nos compositions autour de celui-ci. C’est un processus assez traditionnel en fin de compte. À partir de là c’est en répétition ou en résidence de composition que nous développons nos idées tous les cinq. Certains morceaux comme “Last To Remain” ont mis vraiment du temps à aboutir et d'autres comme “Enmity Spreads” ont été expéditives. Nous pouvons citer “Kairos” qui existe depuis bien cinq ans mais qui a dû attendre l’arrivée de Romain pour prendre sa forme définitive. Concernant l’enregistrement, les prises batterie et chant sont faites en studio au Lower Tones Place dans le 95. Nous voulions le confort d’un studio pour ces instruments-là, et on a travaillé dans de supers conditions. Nous avions déjà fait toutes les pré-prods en home studio, donc il n’y avait plus qu’à faire les prises définitives. Flo a enregistré toutes les guitares en home studio, il a l’habitude de le faire pour d’autres projets donc c’était plus simple comme ça, aller en studio n’aurait eu que très peu de plus-value et aurait coûté beaucoup plus cher ! Nous avons bossé avec Bastien Renon sur le mix et le mastering et il a fait un super boulot, on est ravis !
Vous avez collaboré avec Aurélien Mariat pour le clip “The Dread I Felt”. Le clip est très sobre mais il s’accompagne d’une certaine violence dans les plans, les mouvements et les jeux de lumière. Quelle histoire raconte ce morceau ? Aurélien a fait un boulot de dingue, encore merci à lui ! C’était un plaisir et un honneur de collaborer avec lui. En effet, “The Dread I Felt” porte un message lourd : il est lié au traumatisme de l’enfance. C'est Romain qui a écrit ce texte, mais c’est un message qui nous parle à tous. Ce morceau raconte comment nous cohabitons en tant qu’adultes avec nos démons du passé, nos désillusions et nos peines, que nous avons tous connues plus jeunes en étant enfants. Nous savons aujourd’hui à quel point l’enfant que nous avons été déteint sur l’adulte que nous sommes devenus. Certains portent un fardeau plus lourd que d’autres, mais le combat reste le même : il faut tirer des enseignements pour grandir, s’élever, même si c’est parfois difficile, voire parfois insurmontable. Donc ce morceau avait besoin d’un clip à l’image de son texte : franc, accessible et violent.
Vous abordez des thématiques fortes comme l’introspection et la quête spirituelle. L’écriture des paroles s’inspire-t-elle essentiellement de vos expériences personnelles ou également d’autres sources comme des livres ou des films ? En effet, l’introspection est le thème de cet EP, et sera à priori le thème de notre musique pour un long moment car c'est un sujet qui nous parle. Mais surtout, nous ne nous sommes jamais senti très à l’aise avec d’autres thématiques plus répandues dans le Metal. Si nous voulons être honnête, il faut admettre que le Metal n’est pas le style de musique le plus original en termes de portée de ses textes… Là encore, on ne révolutionne rien, mais on a envie d’aborder des sujets complexes, des causes psychologiques ou des cheminements de pensée qui restent mystérieux tout en restant actuels. “Last To Remain” parle de l’injonction au bonheur, de cette façon qu’on certaines personnes de t’expliquer comment tu dois vivre pour être heureux. Dans “Kairos”, on parle de cette notion du même nom : c’est science du timing : “avant c’est trop tôt, après c’est trop tard”. Cela s’applique dans énormément de chose et pour cela, nous avons fait un parallèle avec le film “Interstellar” par exemple. Donc il n’y a pas vraiment de contraintes dans nos inspirations, tout nous inspire, mais c’est toujours pour servir un sujet que nous trouvons vraiment intéressant. Ce que nous souhaitons, c’est d’avoir quand même un message porteur d’espoir et d’apporter toujours un peu de lumière dans nos textes même si c’est parfois très léger.
Quel est votre morceau préféré de l’EP, ou y a-t-il un morceau en particulier que vous aimeriez mettre en lumière ? “Kairos” a une saveur particulière pour nous, peut-être aussi parce que nous l’avons laissée traîner depuis un moment et que nous avons cru qu’elle ne verrait jamais le jour. Elle a une structure particulière, il n’y a jamais deux fois la même chose et pourtant certains thèmes, mélodies, reviennent quand même. C’est un peu comme si tout s'emboîtait bien, comme une suite logique. Puis elle a ce caractère épique que nous aimons vraiment. C’est peut-être le morceau qui est le plus à l’image de ce qu’on veut faire et de ce qu'on sait faire.
D’autres clips sont-ils prévus pour cet EP ? Envisagez-vous d’explorer des productions plus scénarisées à l’avenir ? Nous comptons sortir un clip avec des images de live après notre tournée. C’est vrai qu’avoir un clip scénarisé est toujours une idée, mais pour que ça nous plaise il faut vraiment que ce soit très très bien pensé, produit et maîtrisé. Aujourd’hui, nous n’avons pas l’idée ni les moyens de faire quelque chose qui serait à la hauteur de nos ambitions, c’est aussi une des raisons pour laquelle le clip de “The Dread I Felt” est très simple dans sa direction artistique. Nous avons tendance à charger un peu nos compositions, mais parfois “less is more” comme on dit.
La scène Metalcore connaît actuellement un véritable essor et un renouveau. En France, des groupes comme LANDMVRKS, Novelists ou encore Resolve se démarquent. Comment percevez-vous votre place dans cette scène ? Les trois groupes cités font partie de nos plus grosses influences. Ce sont des groupes que nous aimons, que nous admirons et que nous respectons. Nous avons juste envie d’emboîter le pas, de suivre le chemin qu’ils ont tracé pour toute la scène française. Ce sont des bosseurs qui tirent les autres groupes comme nous vers le haut. Pour nous, notre place c’est d’être les suivants, mais il est encore trop tôt pour le dire et surtout ce sera au public de choisir si on le mérite ou pas. Mais pour cela il faut bosser dur et on va le faire !
De manière générale, quelles sont vos principales inspirations lors de la composition de vos morceaux ? Nous allons citer les groupes qui reviennent systématiquement : Bleed From Within, Polaris, Parkway Drive, Bring Me The Horizon, While She Sleeps, Architects, Resolve, Lamb of God… Avec ça, tout est dit !
Quels sont vos prochains projets après la sortie de cet EP ? Avez-vous des concerts prévus ? Nous aimerions sortir un nouvel EP fin 2025 ou début 2026. Nous avons prévu de retourner en studio au printemps pour enregistrer les singles sur lesquels nous avons déjà bien avancé. A priori, on va faire des sorties de singles plus espacés, probablement avec un titre avant l’été et deux autres à l’automne, avant la sortie du projet. Nous sommes actuellement en tournée, on sera cette semaine sur un routing de 3 dates : Chambéry, Lyon et Issy les Moulineaux, à la maison. Et nous allons terminer notre tournée d’automne par le Petit Bain le 21 Décembre pour le Charitable Metal Fest ! Nous jouerons également en 2025, les dates sont en train de se caler mais on passera en Bretagne, en Suisse, à Nantes et probablement dans le Nord et dans l’Est. Affaire à suivre…
Pour conclure, je vous laisse le dernier mot : Nous sommes un jeune groupe dans le paysage, nous cohabitons avec énormément de supers projets, c’est assez fascinant de vivre cette expérience, de rencontrer tous ces groupes et de suivre nos progressions… On prend beaucoup, beaucoup, beaucoup de plaisir à faire tout ça donc on ne compte vraiment pas s’arrêter. On a le sentiment d’avoir des choses à dire, des choses à faire dans cette scène metal française qui est en pleine expansion, donc on a juste hâte de voir où ça va nous mener… En attendant, on profite de chaque instant. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous écouter et de nous questionner sur notre musique !