ALIEN WEAPONRY - Te Rā
- Ale
- 2 avr.
- 3 min de lecture

Genre : Groove Metal
Pays : Nouvelle-Zélande
Label : Napalm Records
Date de sortie : 28.03.25
Cela semble presque faire une éternité depuis la dernière sortie d’Alien Weaponry, alors qu’un délai de trois et demi n’est finalement pas si rare et même plutôt commun. Peut-être est-ce surprenant tant le groupe est jeune et surtout tant il a reçu d’éloges pour ses chansons puissantes, chantées en maori. Mais les bonnes choses demandent du temps, et c’est donc avec beaucoup d’espoir que je découvre ce troisième opus des Néo-zélandais, surtout après être sorti un peu mitiger de leur album précédent. Loin d’être mauvais, il manquait tout de même de titres sortant vraiment du lot, de tubes mémorables, et s’embourbait même plutôt dans des titres trop longs ou peinant à démarrer. Je m’attends donc à voir ces petits écueils corrigés, pour pleinement intrôner Alien Weaponry dans le panthéon des groupes modernes capables de se mesurer aux classiques.
Et au premier coup d’œil à la tracklist, on peut déjà s’enthousiasmer de voir un album plus synthétique, aux morceaux plus modestes, dont trois seulement approchent les cinq minutes sans toutefois dépasser ce cap. Loin d’être une tare en soi, surtout pour moi qui surkiffe les titres qui prennent leur temps pour nous envoyer de l’artillerie lourde et complexe, vu les lourdeurs de Tangaroa, ça permet de rassurer. Ce qui étonne au premier abord (ou alors c’est ma mémoire qui fait défaut), ce sont les morceaux au style plus metalcore, plus screamo, comme c’est le cas dès le premier titre : "Crown". Cela se vérifie aussi sur "Mau Moko", dont les textes sont hurlés en maori comme on est en droit de s’attendre du groupe, mais qui conserve ce côté plus "moderne". "1000 friends", même s’il augmente un peu la puissance de la guitare, nous confirme que cet album sera tout de même plus influencé par le metal début 2000s que par les éléments de folk très présent sur les deux premiers opus, et surtout par leur atmosphère pesante et quasi-guerrière. Arf…
"Hanging By A Thread" relève toutefois un peu le niveau, avec des instruments féroces et une atmosphère pesante, presque d’apocalypse ! Le chant parait mue de l’énergie du désespoir, et hurle un message fataliste, tandis que la gratte est râpeuse et explosive. Clairement l’une des pépites de l’album ! "Tama-nui-te-râ" fonce encore plus dans les premiers amours du groupe, passant nos tympans au rouleau compresseur, avec un chant revenant aux cris presque guerriers et primaux qui faisaient le sel des premiers pas du groupe. "Myself To Blame", sans surprise avec un titre pareil, revient vers un titre plus posé, davantage dans l’émotion, et à l’instru plus lumineuse. Moins ma came, vous l’aurez compris, mais loin d’être mauvais. Même son de cloche pour "Taniwha" : chant clair, presque torturé, pour un style résolument moderne. Puis "Blackened Sky" débarque pour tout broyer sur son passage, et on respire à nouveau ! Il est foutraque, énervé à souhait, et agit comme un autre pur banger. Il est suivi par le départ à toute allure de "Te Riri o Tāwhirimātea", véritable roquette rappelant encore une fois le début de carrière du trio. Le chant est limite démoniaque par moment, tandis que batterie et guitare fracassent tout par rafales répétitives et hypnotiques. Et le pont n’est pas en reste, probablement le plus magistral et époustouflant de toute la galette ! Après un "Ponaturi" plutôt sympa, mais pas spécialement mémorable, on s’étonnera surtout d’une fin un peu abrupte avec "Te Kore", morceau le plus court de l’album, et qui semble débouler sur… pas grand-chose.
Somme toute, ce "Te Râ" est clivant et bicéphale. Il ne trahit pas les codes établis par le groupe, et les partis pris audacieux qui ont fait leur force et leur renommé… si ce n’est pour l’absence d’instruments traditionnels (ou alors je dois changer mes oreilles !), ce qui est un peu dommage. Ce qui l’est potentiellement autant, c’est ce basculement vers un style de metal plus contemporain, plus convenu. Il plaira certainement à un public différent, car bien qu’un peu quelconque, la formule d’Alien Weaponry fonctionne néanmoins très bien avec ce mélange metalcore/metal alternatif, que l’on retrouvait en vérité déjà un peu sur le chant des précédents opus. Et pour les vieux cons comme moi qui n’aiment jamais rien, on garde quand même quelques beaux spécimens pour ravir les fans de la première heure, qui n’acceptent jamais vraiment qu’un groupe, surtout jeune, puisse expérimenter, s’affiner et faire évoluer leur style. On a sans doute perdu un peu de l’ADN du groupe en cours de route, et c’est un peu dommage que leur patte se soit un peu lissée, mais est-ce nous n’aurions pas non plus été lassé qu’ils nous resservent sans cesse leur premier album ? Ce serait dommage de les résumer à leurs premiers succès… Je reste donc curieux de la suite, en étant attentif aux couleurs que prendra l’éventuel quatrième chapitre !