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Image de Edz Norton

Messa - The Spin


Genre : Doom / Post Metal

Pays : Italie

Label : Metal Blade Records

Date de sortie : 11.04.2025

Le point fort de Messa réside sans aucun doute dans sa capacité à se réinventer d’album en album, en intégrant des influences toujours plus riches et surprenantes. Après des débuts solides, presque sages, avec “Belfry” et “Feast for Water”, qui exploraient les premières facettes d’un doom atmosphérique et habité, le groupe a marqué un tournant audacieux avec Close (2022). Celui-ci ouvrait une nouvelle voie avec ses sonorités orientales, posant les bases d’une exploration artistique bien plus vaste. On peut désormais se demander : où Messa compte-t-il nous faire voyager à présent ?

“The Spin”, leur premier disque chez Metal Blade, marque un nouveau virage. Un album plus concentré, plus dense, et surtout plus intime. Montons dans la DeLorean ! Cette fois, Messa nous propulse dans une esthétique eighties sans jamais tomber dans le kitsch. Ils embrassent des influences post-metal, doom progressif, rock occulte, jazz et blues, pour créer un objet unique, traversé par une atmosphère sombre et captivante.

Dès les premières secondes de “Void Meridian”, une force mystique se déploie. Il débute par une pulsation instable de synthé, comme une lueur dans le brouillard, avant de muter en quelque chose d’envoûtant, à la limite dansant.Le refrain nous happe, et Sara tisse des lignes vocales toujours plus envoûtantes, avec ce timbre brûlant et doux, qui atteint ici un niveau encore inégalé. Mais ce sont surtout la générosité et la virtuosité des solos d’Alberto et Marco qui nous surprennent et nous envoûtent, morceau après morceau.

La structure des titres a été simplifiée, épurée, rendant l’ensemble plus fluide mais elle est en aucun cas moins riche. Au contraire. Chaque piste de The Spin semble parfaitement construite. Les guitares d’Alberto et Mark, tantôt langoureuses, tantôt écrasantes, sont enlacées de textures chaudes. On savoure ici toutes les nouvelles nuances eighties : des reverbs en cascade, des synthétiseurs brumeux qui accentuent le côté mystique, et surtout, une voix mise au premier plan — un choix volontaire pour coller aux codes de l’époque. Sara y brille, livrant des performances vocales qui nous coupent littéralement le souffle.

“At Races”, le premier single déjà connu de beaucoup, a tourné en boucle et m’a bluffé par son adrénaline. Une énergie post-punk s’en dégage et elle est vraiment la bienvenue ! On y retrouve une précision rythmique, une tension continue avec une mélodie imparable et addictive !

“Fire on the Roof” est sans doute le morceau phare : Un condensé d’énergie doom et de refrains entêtants, il est porté par une rythmique explosive — jusqu'à l'explosion finale de Rocco à la batterie. Une véritable claque ! On aurait envie de le réécouter encore et encore, tant il est addictif. Un bonbon, tantôt doux, tantôt acidulé.

Nous arrivons (déjà) au cœur de l’album, et son sommet émotionnel, avec deux pièces sombres et instables. “Immolation” commence comme une ballade fragile au piano, avant de monter en puissance dans une construction bluesy et envoûtante. Toujours portée par les solos d’Alberto, tandis que Sara livre une prestation vocale bluffante et ce n’est que le début des surprises.

Puis vient “The Dress”, l’un des moments les plus poignants de l’album. Ballade dramatique et sensuelle, elle débute dans une douceur jazzy avant de sombrer dans un déchaînement émotionnel bouleversant. Sara nous emmène dans son enfer personnel, abordant des thèmes profonds avec une émotion brute et désarmante. Quand les éléments se déchaînent, l’entrée inattendue du saxophone bouleverse la cadence. S’ensuit une atmosphère suspendue, avant que les guitares reprennent les rênes du chaos, accompagnées de blast beats enragés. L’ensemble monte en crescendo pour s’entrelacer dans une performance hallucinante. Puis Sara revient une dernière fois, chantant le refrain dans un cri de déchirement absolu. C’est sans doute sa performance la plus puissante à ce jour.

Nous n’avons même pas le temps de reprendre notre souffle : les guitares sèches nous offrent un dépaysement total. “Reveal” nous replonge dans les profondeurs de “Close”, avec des sonorités similaires, mais qui, ici, s’ouvrent sur une toute nouvelle dimension. La rythmique, quasiment primitive, hypnotique et totalement addictive, nous happe. Les blast beats se mêlent à la danse dans un riff à la fois épais et saturé, laissant toujours filtrer un éclat de lumière porté par la voix de la sagesse : celle de Sara. Encore une fois, Marco et Alberto livrent leurs plus beaux solos, tels des guitar heroes pleinement assumés. Chaque morceau leur offre un moment de gloire sans jamais voler la vedette au reste de la recette, qui s’enveloppe avec une cohérence remarquable. 

La conclusion arrive (trop) vite avec “Thicker Blood”, le passage le plus long, avec près de neuf minutes d’une intensité saisissante. En filigrane, il évoque les racines black metal du groupe, dans une montée progressive aussi puissante que cathartique. Et puis… ce final. Inattendu. Bouleversant. Je préfère vous laisser la surprise, tant il marque l’esprit et ne laisse personne indemne et nous laisse retourner dans le silence plus que brutalement. 

Les quarante minutes s’écoulent à une vitesse folle. Et pourtant, Messa livre un album qui semble simple au premier abord, mais dont la construction se révèle d’une précision redoutable, pensée pour tenir sur un vinyle deux faces. Surtout, il distille une forme d’addiction irrésistible cette envie immédiate de retourner le vinyle… et de tout recommencer.

Avec “The Spin” Messa réussit l’exploit de combiner une sensibilité émotionnelle avec une diversité musicale détonante. Moins complexe peut-être dans sa forme que les précédents, il l’est bien davantage dans sa profondeur. Ce n’est pas un album qui vous bouscule directement : sonorité après sonorité il vous hypnotise. Il vous captive doucement, et finit par vous posséder, avec son élégance et cet instinct du risque que peu de groupes osent encore aujourd’hui.

Certainement que cette chronique paraît un peu longue, mais elle témoigne de l'impact d'une œuvre qui, à chaque écoute, nous marque davantage. Un album que l’on pourrait disserter pendant des heures tant il regorge de subtilités cachées (dans le bon sens du terme). Messa déploie un zèle musical rare, mêlant brillamment les codes des eighties tout en réinventant son propre style habituel, remodelé et enveloppé d’une nouvelle dimension sonore.  

Si je devais conclure, je dirais que je suis tombée amoureuse de cette œuvre. Alors que j'avais un regard curieux, mais encore timide, sur la discographie de Messa, je compte bien désormais décortiquer chaque album, chaque nuance, chaque note une par une.


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