Genre: Stoner fuzz rock
Pays : Allemagne
Label : Barhill Records
Date de sortie : 06.10.2023
Cet album est cool ! Tout simplement cool ! C’est un terme plutôt creux d’habitude, qui s’applique à peu près à tout sans discernement, sitôt que l’on apprécie l’œuvre proposée. Mais ici, le groove des Allemands, couplé à leur tempo plutôt lourd et lent, fait de ce sept titres une expérience simplement agréable. Une vraie surprise finalement, tant les éléments concordaient pour nous mettre hors-piste : l’Allemagne est plutôt connue pour son heavy, son power, son thrash, son indus… Pas tellement son stoner finalement. Et avec un nom pareil, et un tel titre d’album, je m’attendais sincèrement davantage à du doom ou du power qu’à de la grosse disto qui prend son temps pour nous happer dans ses méandres.
"Interludium Nebulae" pose les bases, avec son rythme tranquille et répétitif, nous plongeant dans l’ambiance et affichant déjà de beaux riffs venant nous caresser l’échine. Mais vient "Desire", le second titre, qui nous surprend par l’apparition du chant ! Pas que ce soit particulièrement rare dans le style, juste que cette longue mise en bouche nous aura fait croire à un album purement instrumental. Ce "Desire" propose à nouveau une rythmique endiablée, remarquable… Simple et super efficace, avec cette boucle musclée, cette batterie millimétrée et ce chant sporadique, mais toujours bienvenu. Et même avec un peu de claviers ? Ok c’est bon : on est vendu sur l’album, et ce titre en est la figure de proue ! Enfin pas sûr… On poursuit avec le langoureux "Oblivion", à la fois posé et atmosphérique, s’offrant quelques riffs doucereux et presque bluesy sur la fin. Une maestria complètement moody ! "Doctrine" est un peu plus âpre, un peu plus sombre, mais conserve ce côté ambiant absolument délicieux, que ce soit lors de son refrain avec une guitare presque mélancolique, et son final, où elle devient cette fois plus minimaliste. Dans un autre registre, malgré une teinte similaire, on a "Cards Of Evil", là aussi plutôt taiseux, et avec une guitare fantasque et mélancolique. Jusqu’à son dernier tiers, où l’on croit que le morceau est terminé, pour en fait se poursuivre dans le calme et la douceur. "Luna" revient aux choses sérieuses avec, comme pour "Desire", une boucle très efficace et revenant comme leitmotiv pour un titre plutôt sombre, mais jamais glauque ou morose. Au contraire, ça groove et ça pète ! "The Devil Told Me To" est un nouveau chef-d’œuvre, déployé sur presque neuf minutes. Là aussi, on est sur de la contemplation, du calme, une mélodie simple et entêtante, hypnotique et trippante… Jusqu’à basculer sur du plus rugueux et lourd dans sa seconde moitié, tout en gardant un tempo lent et planant.
Tant d’adjectifs sans doute très communs pour le fan de stoner moyen, mais aussi autant de gages de qualité de la part d’un groupe encore jeune et un peu confidentiel. Accueillez cet album les bras ouverts : les fans le croqueront à pleines dents et les récalcitrants qui pensent que le style est long et chiant se délecteront de titres à la durée (un peu) plus modeste, mais qui alternent entre quiétude et moments qui bougent bien.