Genre : Thrash Metal
Pays : Etats-Unis
Label : Nuclear Blast
Date de sortie : 17.11.2023
Après avoir adoré et célébré le thrash metal, ses pionniers comme sa nouvelle vague, puis de l’avoir franchement conspué pour son manque de renouveau… Cela faisait du bien de prendre une longue pause avec le genre pour mieux revenir. Le choix de Sadus était pourtant totalement anodin : pas réellement d’affinités pour le groupe jusqu’alors, s’expliquant aisément par une actualité bien taiseuse entre 2006 et 2016. Malgré une reformation en 2017 et la promesse de nouvelles chansons, il a encore fallu la moitié d’une décennie pour qu’enfin la machine redémarre et que ce Shadow Inside s’annonce bien réel. Ce n’est pas la première fois qu’un groupe des 80s décide de revenir après une longue parenthèse, et sans le mythique Steve Di Giorgio, parti batifoler avec Testament depuis lors, on pouvait s’attendre à un opus sans grand éclat… À la gestation trop longue, polluée par un attachement désespéré au passé…
Et alors ? Alors on peut dissiper immédiatement ces craintes ! Sadus nous livre ici un album globalement honnête et même franchement bon, avec quelques idées des plus sympathiques. On notera d’emblée la présence de nombreux titres dépassant les cinq minutes… Pile la moitié d’entre eux en vérité. Lorsque l’on connaît (et apprécie) l’aspect tranchant et explosif du genre, galvanisé par ses titres plutôt courts et dévastateurs, on est en droit d’être surpris ! Non pas que le Sadus made in 2023 soit lent ou ennuyeux… D’une part, on a le titre "Anarchy" pour combler celles et ceux qui veulent un bon petit morceau bien foutraque et déchaîné. Et d’autre part, parce que la belle brochette de titres plus longs n’enlève aucunement à la force du groupe. Au contraire : elle offre des tableaux décharnés ambitieux, où le mosher moyen peinera à retrouver son souffle. Une salve de roquettes comme "Ride The Knife" n’offre que peu de répit. Idem pour "First Blood", qui ouvre bien naturellement le bal.
On est donc rassurés de voir qu’ils en ont encore sous le capot ! Mais est-ce qu’on va se taper 47 minutes de gros vacarme bordélique ? Pas tant… Le groupe a tout de même un soupçon de pitié ! "Pain" freine (un peu) le tempo, mais ne cède pas sa force de frappe, et se permet même un très chouette bridge presque plutôt heavy que franchement thrash ! "The Shadow Inside", qui vient terminer l’album, fait-elle aussi penser à du heavy bien rétro : le morceau qui suit en guise "d’introduction", un pont qui s’éternise et passe de la technique au flashy, au feu d’artifice même… Pour enfin s’achever, presque d’un coup, comme si le groupe refusait de laisser tomber la pression… Préférant nous la voler presque aussi soudainement qu’il l’a amenée.
Il est sorti presque "de nulle part" ce fichu Sadus ! Longtemps après le début du second âge d’or du thrash metal (qui commence à s’éterniser d’ailleurs…), longtemps après son annonce… longtemps après la pause du groupe… Longtemps après tout. Tant et si bien qu’il est très possible que, comme moi, vous ne l’attendiez pas vraiment. Et cela rend la surprise que plus agréable encore. Espérons que ce soit le signe annonciateur de futures productions à la genèse plus clémente pour le duo américain, et non pas un ultime projet un peu fou de zickos nostalgiques…