LANDMVRKS - The Darkest Place I've Ever Been
- Alice
- 7 août
- 4 min de lecture

Genre : Metal Moderne
Pays : France
Label : Arising Empire
Date de sortie : 25.04.2025
Comme le dit le dicton : mieux vaut tard que jamais ! Ce nouveau LANDMVRKS a déjà quatre mois, bientôt cinq, mais il tourne toujours autant en boucle.
Il faut dire qu’avril a débordé de sorties d’albums. Dans cette avalanche, quelques noms m’attiraient particulièrement. Si certains m’ont laissé de marbre, d’autres ont su tirer leur épingle du jeu. "The Darkest Place I've Ever Been" de LANDMVRKS en fait clairement partie. Après Messa, voici ma seconde pépite de l’année. Deux salles, deux ambiances, mais un point commun : la diversité, maître mot de cette chronique !
Il faut croire que c’est devenu une de mes traditions de parler de leurs albums. Après "Fantasy" (2018) et "Lost in the Waves" (2021), que j’avais chroniqué un peu dans l’indifférence générale, les Marseillais ont parcouru un sacré chemin. Je l’admets : je ne suivais plus vraiment leur actu, et je ne saurais dire précisément quand LANDMVRKS a explosé après ce troisième opus. Mais en 2024, après les avoir vus dans un Splendid (à Lille) bondé, en totale ébullition, j’ai compris qu’un palier avait été franchi. Suivi par ce concert de dernière minute en tête d’affiche au Hellfest, préparé en à peine un mois : un set carré, pro, maîtrisé de bout en bout. Tout le monde a été mis d’accord !
LANDMVRKS fait désormais partie des poids lourds du metal français… et même international : USA, Australie, Europe, France, leur nom s’affiche sur les affiches du monde entier. Ce nouvel album est une invitation claire à la conquête du monde. Il est donc grand temps de s’attarder sur "The Darkest Place I've Ever Been" et de voir ce que la créature a dans le ventre. "Creature", ce tout premier single dévoilé pendant leur tournée 2024, annonçait déjà un tournant : plus grand, plus risqué, plus ambitieux. Mais à l’époque, la bête n’avait pas encore révélé toutes ses entrailles…
Dès le titre éponyme "The Darkest Place I've Ever Been", on se prend une claque ! Une véritable déferlante d’influences nous frappe en pleine gueule, annonçant une déflagration de diversité. Mais surtout, Florent Salfati atteint ici des sommets. Au fil des onze morceaux, il dévoile une palette vocale dense : du growl massif, un chant clair parfaitement maîtrisé, et une capacité saisissante à passer de l’un à l’autre sans perdre sa dynamique. Tous les terrains de jeu sont permis, sans jamais briser la cohérence globale. Et c’est ce qui rend l’écoute aussi fluide que addictive.
La suite enchaîne les cinq singles déjà bien identifiés, mais qui prennent ici tout leur sens dans l’ensemble : "A Line In The Dust" (avec Mat Welsh de While She Sleeps), "Blood Red" (on y revient), "Sulfur", puis "Sombre 16", interlude audacieuse, rappé en français et franchement réussi.
Si je m’écoutais, je pourrais débattre morceau par morceau, tant chaque titre a une identité forte. Mais concentrons-nous sur quelques pépites.
Citons pour commencer le frappant "Blood Red" ! LANDMVRKS nous avait déjà familiarisés avec le chant en français, notamment sur l’audacieux "Visage" sur "Lost in the Waves". Ici, les Marseillais vont encore plus loin. Ils trouvent le flow parfait pour switcher entre anglais et français avec une aisance déconcertante, sans jamais briser l’intensité du morceau. Le résultat est dense, viscéral, déchirant, comme un cri à deux voix, entre rage intérieure et lucidité crue.
Poursuivons avec "The Great Unknown", qui m’a immédiatement frappé par son côté très Linkin Park mais attention, pas dans le sens d’une simple (ou mauvaise) imitation. Le groupe conserve pleinement sa propre identité, tout en flirtant avec cette vibe néo-metal. Ce qui m’a particulièrement surpris, c’est le chant de Flo. Il ose des directions nouvelles par rapport aux premiers albums : plus mélodique, presque introspective, tout en gardant cette intensité brute tant accrocheuse. Par moments, il flirte même avec la voix de Chester Bennington c’est troublant, mais terriblement efficace.
Puis nous arrivons à "La Valse du Temps"… Rien que le titre m’intriguait. Il y avait là quelque chose de profondément poétique, et je sentais que ce morceau allait marquer. Il s’impose comme l’une des pièces maîtresses de l’album. Le début, tout en piano et chant clair, rappé en français, m’a immédiatement évoqué Orelsan (ma seule vraie référence en terme en rap, à vrai dire) avec son ton doux, feutré, presque intime. Mais ne vous y trompez pas : la furie ne tarde pas. Le calme cède la place à une tempête metalcore, un enchaînement d’émotions brutes, porté par une intensité crescendo. On vit de véritables montagnes russes émotionnelles, d’autant plus fortes qu’elles arrivent sans prévenir. Le mariage entre le français et l’anglais, entre la douceur et la rage, se fait avec une aisance totalement fluide et assumée. C’est dans ce genre de morceaux que LANDMVRKS montre toute sa maturité artistique : capable d’oser, de brouiller les pistes, et surtout de nous surprendre jusqu’à la dernière note.
Puis… je vous aurais menti. Impossible de ne pas citer l’ensemble de l’album, car chaque morceau a son caractère, sa particularité, sa palette d’émotions. Alors qu’on entre dans le dernier acte, la créature reprend de l’élan… et sort les crocs. Les deux morceaux qui suivent, "Deep Inferno" et "Requiem", sont viscéraux, saisissants comme une accélération brutale avant l'ultime descente.
"Deep Inferno" nous entraîne dans des abysses sombres et poisseuses, dans une lourdeur rythmique presque hypnotique. Puis vient "Requiem", qui flirte avec les frontières du metalcore et du deathcore. Probablement le morceau le plus violent et le plus profond de la galette, une claque aussi brutale qu’émotionnelle. Il laisse pourtant, dans ses dernières notes, un pincement de nostalgie, comme si les ténèbres savaient encore murmurer. Les entrailles se referme avec "Funeral", un poignant final inattendu. Cette conclusion déchirante est portée par un duo piano et la voix de Flo. La pression retombe brutalement, comme une lumière au bout du tunnel après quarante minutes intenses, écrasantes, chaotiques. Un dernier uppercut tout en émotion, une nouvelle preuve que LANDMVRKS sait autant cogner que toucher.
Après un "Lost in the Waves" explosif, "The Darkest Place I've Ever Been" confirme le statut de LANDMVRKS et marque un tournant pour la scène Metal française. Plus qu’une réussite, c’est un signal fort : la relève est là, créative, audacieuse, et prête à briser les frontières.
Dans ce foisonnement d’influences, LANDMVRKS dompte sa créature. Le groupe trouve ici une liberté totale, mais toujours parfaitement contrôlée, ce qui rend l’écoute de cet album aussi dense que varié. Assurément un disque qui ira loin, et qui permettra aux Marseillais de conquérir le monde.





