Genre : Art Rock Progressif
Pays : France
Label : Pelagic Records
Date de sortie : 08.11.2024
Il a un certain stress qui germe à l’heure d’écrire ces quelques lignes sur le dernier né de Klone, tant le groupe est plébiscité de l’ensemble de la presse pour leur immense talent, et pour une série d’albums géniaux, dont notamment les deux derniers : "Meanwhile" et "Le Grand Voyage", qui sont élevés au rang de joyaux absolus. Le stress ne réside pas dans le fait d’être l’anticonformiste prétentieux qui va aller à contre-courant par simple plaisir de faire comme les autres… mais plus simplement parce que j’ai vingt ans et neuf albums de retard. Avoir la sensation d’être passé totalement à côté d’un artiste ou d’un groupe excellent laisse toujours ce petit goût amer d’arriver après la fête, mais aussi le plaisir d’avoir subitement des kilos et des kilos de matière de qualité à rattraper. Est-ce le cas pour Klone du coup ?
Ce serait faux (et idiot) de prétendre le contraire : l’album est un vrai péché de gourmandise, déployant sept titres d’une grande générosité et jouant avec les émotions d’une main de maître. C’est toujours grisant lorsqu’on peut avoir un album qui coule tout seul dans nos oreilles tout en conservant quelques envolées puissantes qui ne jure pas avec l’ambiance onirique de l’ensemble. C’est d’ailleurs son seul "défaut" qui n’est finalement lié qu’à une sensation très subjective : celle de l’impression de trop peu. Pourtant, avec ces sept titres dépassant souvent les cinq minutes, l’album est d’une durée tout à fait classique. Mais cette sensation de morceaux qui s’enchainent en parfaite osmose donne l’impression que l’opus ne peine pas à nous transporter dans son monde maitrisé et rêveur. Tout coule d’un trait, et c’est donc encore une fois un disque que l’on invite à écouter au calme et au casque, en se laissant simplement bercé.
On pourrait peut-être lui reprocher aussi (mais c’est pour pinailler…) qu’il aurait pu pousser encore plus loin ses idées aussi créatives que géniales, puisqu’on se tape un délicieux saxo à la fois de "Interlaced" et un joyeux chaos partant presque vers la cacophonie glitchée sur la fin de la plage tutélaire. Multiplier ces partis-pris audacieux sur le reste de la galette l’aurait rendue encore plus mémorable et atypique. Mais on ne boudera pas son plaisir tant l’opus dans son ensemble est une praline d’une douceur forte. Mentions spéciales à "After The Sun" et "Desire Line" en matière d’expériences câlines… Dépaysement assuré !