Genre : Dark ambiant
Pays : Italie
Label : Lay Bare Recordings
Date de sortie : 02.02.2024
La niche musicale de Kariti est un joyau musical et un tourbillon d'émotions qui a attisé toute ma curiosité. Après son premier album “Covered Mirrors”, l’artiste russe dévoile “Dheghom” dans une tonalité tout aussi intimiste mais davantage approfondie dans l’instrumentalisation.
Le titre d’ouverture “As Within” installe une atmosphère mystique, sombre et nocturne. Les paroles se réfèrent à un poème d'Aleksandr Blok intitulé “Сон” (fils) débute la boucle. Les morceaux vont se suivre avec des arrangements simples pourtant si envoûtants avec des effets hypnotiques. Les compositions sont subtilement travaillées avec des arrangements répétitifs et hypnotiques. Tandis que la voix si subtile et éthérée de Kariti conte les paroles tantôt en russe et anglais et apporte ce charme si particulier aux compositions.
La symbiose des éléments entre l'instrumentalisation et la voix nous plonge dans un univers trouble. Les synthétiseurs prennent de l’ampleur sur l’inquiétant “A Mare Called Night” contrastant avec la voix si apaisante telle une sombre berceuse. La quiétude continue avec “Son” et ses paroles slaves dépaysantes. Le tout est saupoudré de sonorité de drone sur la seconde moitié apportant de la densité et accentuant cette ambiance inquiétante mais pourtant si douce.
La suite se poursuit en légèreté, le duo entre Kariti et Dorthia Cottrell sur “Vilomah” est si profond. D’une durée de sept minutes, cette pièce maîtresse apporte tout ce contraste entre la légèreté et la densité qui fait le charme authentique de l’album. Le tempo s’accélère tout en gardant de la mélancolie sur “Reckoning, le morceau est accompagné au piano et au violon qui apportent un côté hypotonique et lancinant comparable à une valse.
Nous entamons la seconde partie de l’album si l’ambiance sombre et intimiste continue à nous charmer, l’instrumentalisation se révèle moins timide et s'intensifie. “Metastasis” ouvre cette temporalité sombre avec la profondeur du chant russe et les nappes de guitares électriques des plus harmonieuses prenant de l'ampleur. Tel un contraste, “Sanctuary” emprunte son chemin dans le folklore américain avec ses sonorités au piano.
Alors que “River Of Red” prend place et s’affirme comme la composition la plus fournie de l’album. Au-delà de l’harmonie des guitares électriques, progressivement, les percussions prennent place et uniquement sur ce titre apporte toute une densité profonde. L’ensemble m’évoque l’univers de Chelsea Wolfe sans comparaison hâtive bien entendu ! L’ambiance replonge dans les abysses avec l’inquiétant “Emerald Death” avec sa boucle hypnotique puisant son inspiration dans le Doom.
Les cloches sonnent sur l’outro “Toll” et nous annoncent une fin imminente. La boucle est bouclée avec “So Without”, la tonalité du morceau d’ouverture “As Within” est reprise au synthétiseur avec les mêmes paroles contées cette fois-ci en anglais. Les sonorités de drone concluent le voyage et permettent de revenir à la réalité après cette ballade sombre mais pourtant si paisible.
À travers la douce abysse de “Dheghom”, Kariti nous fait voyager dans son univers musical. Tantôt introvertie et extravertie, les compositions aux milles nuances révèlent leur lumière dans l’obscurité traversant le Dark Folk, la Noise ou encore le Doom … C’est mystique, planant et si subtile, “Dheghom” nous emporte dans un tourbillon d'émotions intenses !