top of page
Image de Edz Norton
Alice

Interview avec Shakey Sue - The Hellfreaks

Dernière mise à jour : 24 avr. 2023


Credit: Dávid Bodnár

 

Les hongrois The Hellfreaks sont de retour avec leur cinquième album "Pitch Black Sunset" signé sur Napalm Records pour la première fois. Celui-ci signe le renouveau du groupe à la croisée des genres entre du Metal Moderne, du Hardcore et du Punk. Au travers de ce riche échange, Shakey Sue échange sur la production et le concept de l'album. Elle nous parle aussi de la scène Hongroise, l'industrie musicale et la situation des femmes dans ce milieu.

Pour commencer, peux-tu présenter The Hellfreaks en quelques mots ? Bien sûr ! The Hellfreaks est un groupe de Punk Rock avec des influences de Metal agressif. Nous sommes situés en Hongrie à Budapest et en activité depuis plus de 10 ans. Nous allons sortir notre prochain album “Pitch Black Sunset” mi avril.

The Hellfreaks a évolué à travers différents genres du psychobilly, du Punk Rock et maintenant une sorte de Metal moderne. Comment expliques-tu ces changements ? Comme je te l’ai dit, nous avons créé le groupe il y a quatorze ans. Nous étions encore des adolescents, c’était il y a longtemps. Quand, nous avons commencé à jouer, c'était seulement un hobby. Nous ne pensions pas que cela pourrait devenir plus sérieux ou important et impacter notre vie comme c’est le cas aujourd’hui. Nous voulions simplement faire de la musique et nous étions très branchés par le psychobilly, mais c’était il y a quatorze ans. C’est un peu comme si tu me demandais ce que j’aimais le plus à l’époque et ce qu’il en est aujourd’hui. Bien sûr, les goûts changent avec le temps et j’ai grandi. En 2014, nous nous sommes séparés après avoir enregistré notre second album intitulé “Circus Of Shame” qui était principalement du psychobilly. Quand nous avons reformé le groupe, nous avons décidé que nous ne nous allions pas nous forcer à nous conformer à un genre en particulier et suivre notre intuition. En tant qu’adolescente, j’étais beaucoup animé par la scène Punk Rock. J’ai grandi avec cette musique mais aussi avec du Hardcore, du Metal et j’ai fait beaucoup de concerts. Il y a tellement de sous genre dans le Punk Rock mais je les aime tous. Je pense que nous pouvions entendre ces diverses inspirations dans notre musique. Quand, nous avons reformé le groupe en 2015, nous avons reçu une invitation pour un festival aux États-Unis. Nous l’avions pris comme un signe que nous devons revenir. Nous avons donc enregistré en 2016 : “Astoria”, un pur album de Punk Rock. Trois ans plus tard, nous avons enregistré notre dernier album “God On The Run” c’est un mélange de Punk et de Metal. Maintenant, cela me semble tellement naturel que notre musique devienne juste un peu plus agressive qu'elle ne l’était autrefois. Je dirais que notre nouvel album “Pitch Black Sunset” est davantage orienté vers le Metal mais toujours avec une touche de Punk. Je pense que tout se joue dans l’attitude.

Effectivement, la musique Metal est tellement large ! Oh oui, c'est très diversifié, nous avons des milliards de sous-genres dans le Metal, donc oui, c'est très large.

As-tu un genre préféré en particulier parmi tous les sous-genres présents dans la musique Metal ? Comme je viens de le dire, j’écoute pleins de styles de musique différents et c’est pareil pour tous les membres du groupe. Je pense que si nous avions une conversation pour choisir notre groupe préféré en commun, cela serait impossible (rires). Mais, je sais, il y a des sonorités que j’aime en particulier et d’autres moins. J'apprécie vraiment tout type de musique avec des sonorités modernes. De l’autre, j’ai plus de difficultés, avec les musiques figées dans le passé. Si tu me fais écouter des groupes de Metal des années 80’s ce n’est pas fait pour moi.

C’est vrai, c’était une autre époque et aujourd’hui les sonorités évoluent. Mais, as-tu un genre de Metal que tu souhaites incorporer dans les compositions mais tu n’oses pas car cela ne correspond pas au groupe ? C’est vraiment un processus naturel d’écrire de la musique. Nous ne devions pas nous asseoir et discuter pendant des heures de la direction à prendre. Pour être honnête, nous n'avons jamais eu ce type de conversation, cela ne fonctionne pas comme ça entre nous. Tous les quatre nous aimons le même style de musique, nous sommes branchés rock et nous avons à peu près le même âge. Nous sommes très ouverts d'esprit, et si quelqu'un vient avec une idée folle, nous en sommes ravis Sans hésiter, nous allons le faire et nous voyons ce qui se passe. Cela arrive parfois, puis nous écrivons le morceau et au milieu du processus nous décidons de ne pas le produire. Mais, c’est un processus normal, ça va, ça vient, c’est juste la première phase avant la composition.

Je comprends tout à fait. Maintenant, nous allons parler de votre nouvel album “Pitch Black Sunset”. Comment tu te sens à l’approche de la sortie ? C’est drôle parce que je fais beaucoup d'interviews et personne ne m'a posé cette question. Pour être totalement honnête, je fais de la musique depuis si longtemps que je n’ai plus vraiment d’attente. Si je commence à y penser, cela me hantera l’esprit. Nous enregistrons un album et nous voulons juste être satisfaits du résultat final. Puis, il y a le moment magique où nous pouvons enfin le sortir et voir les gens s'enthousiasmer ou non en écoutant notre musique. Maintenant, nous avons une communauté de fans ouverte d'esprit, je n’ai pas peur de monter notre évolution vers ce côté plus agressif. Je suis convaincu que les personnes qui supportent The Hellfreaks vont vraiment apprécier cette expérimentation dans notre musique. Je suis toute aussi certaine que nous sommes tombés entre de bonnes mains avec Napalm Records car le label à une très large audience orienté Metal. Je pense que les gens comme moi qui écoutent de la musique avec un esprit très ouvert vont apprécier ce nouvel album. La communauté Metal est une grande famille et je suis fière d’en faire partie. Je suis convaincue que nous allons toucher des nouvelles personnes qui je l'espère, vont aimer ce que nous faisons.

Je suis aussi convaincue ! Comme tu viens de le dire, The Hellfreaks a signé récemment avec Napalm Records. Pourquoi avez-vous décidé de collaborer avec eux ? Vous devez savoir que dans le passé, nous avons toujours été signés avec des labels plus petits. Nous avons eu la chance de pouvoir travailler et d'enregistrer chacun de nos albums avec des labels. Nous avions beaucoup d'aide au début. Même si nous faisons beaucoup d’étapes à côté par nous même pour faire évoluer et grandir le groupe. Après toutes ces années, nous avons réalisé que ces labels ne peuvent plus nous aider de la manière dont nous avons besoin. Nous sommes un groupe très organisé mais nous vivons en Hongrie et c'est compliqué de faire tourner la machine ici afin s’exporter sur la scène internationale. Nous avons besoin de trouver un partenaire idéal qui puisse faciliter la tâche pour faire connaître notre musique au monde entier. Nous étions certains que c'était la prochaine étape pour The Hellfreaks de trouver un label plus grand et nous avons travaillé pour cet objectif. Mais bien sûr cela ne fonctionne pas seulement comme ça, de demander à collaborer avec un label plus important et de l'obtenir. C’était beaucoup de réflexion sur nos projets, tout s’est mis en place et nous avons fini par signer avec Napalm Records. Personnellement, depuis toute petite, je souhaitais collaborer avec eux car il y a énormément de groupes que j'apprécie. Nous avons fini par signer avec le label un peu par accident mais nous sommes tellement chanceux de collaborer car c'est notre souhait depuis le début. C’est l’industrie musicale, c’est compliqué de se projeter, c’est tellement rempli de rebondissement.

Peux-tu m’en dire plus sur le processus d’écriture ? Comment le travail se partage entre chacun des membres ? Nous avons tous une façon différente d’écrire les morceaux, car il existe tellement d'options. Pour notre dernier album “God On The Run”, je pense que nous avons trouvé la façon de composer qui nous correspond le mieux. Nous avons quasiment reproduit le même processus pour le nouvel album “Pitch Black Sunset”. Nous écrivons pratiquement tous nos morceaux à la maison, ici même dans cet appartement. Gabi, notre bassiste, est le principal compositeur de tous les instruments. Il n’écrit donc pas seulement ses parties à la basse, il s’occupe aussi des parties de batterie, de guitare et il enregistre tout de chez lui. La seule chose qui a changé, c'est que les autres gars apportent davantage leurs contributions. D’habitude, Gabi enregistre des démos et les garçons ajoutent leurs idées par la suite. Quand les garçons finissent leurs parties, j'essaie de trouver la mélodie vocale. J’enregistre des démos mais sans les paroles, ce qui rend les chansons vraiment ridicules parce que nous n'avons pas vraiment de vrai mot. Enfin, la dernière étape, je finalise la chanson en écrivant les paroles. J’essaie toujours de saisir l'ambiance de la chanson et ensuite je décide la façon dont les paroles vont être écrites. La seule différence, c'est que sur cet album, Jozzy, notre guitare s’est davantage impliqué dans le processus d'écriture. Cela nous a donné de nouvelles idées et une dynamique dans le processus d’écriture. Sinon, nous travaillons toujours avec les mêmes personnes qui vivent aux États-Unis pour le mixage et le mastering depuis le dernier album. C’est assez amusant d’écrire des compositions et de l’envoyer ensuite à l’autre bout du monde avec des instructions. Puis, nous travaillons avec ces personnes depuis des années et nous ne nous rencontrons jamais, ce qui est un peu étrange (rire). Globalement, tout l'album a été écrit de cette façon. La chanson qui sort du lot était "Wipping Willow" car elle a été écrite en se basant sur les mélodies vocales et la voix. C'est donc la seule a été écrite dans un ordre différent avec des paroles déjà définies ce qui a permis d'intensifier tout ce qui se passe autour de l'instrumentalisation.

Peux-tu m’en dire davantage sur les paroles de “Pitch Black Sunset” ? Quelles sont les thématiques principales ? Le processus d’écriture a commencé lorsque la COVID était encore présente autour de nous. Puis, les mois suivants, la guerre a commencé en Ukraine et nous sommes des voisins de territoire. Puis, nous nous sommes retrouvés à devoir faire des restrictions ici et globalement en Europe. Tu sais… Des événements assez bizarres et inattendus se produisent et je dis toujours quelle drôle époque pour être en vie. Ce n’est vraiment pas le meilleur moment pour vivre mais nous en tirons toujours le positif. Les paroles de cet album sont à propos de tous ses événements et c’est pourquoi nous sommes devenus un groupe plus sombre qu'auparavant. Mais aussi car je suis vraiment mauvaise pour écrire des paroles joyeuses, alors j’essaie de me concentrer sur des événements qui m’ont le plus marqué. L’album lui-même n’est pas écrit selon un concept, nous n'en n'avons pas fixé et nous l’avions jamais fait. Comme, je te l’avais dit avant, nous travaillons avec un processus très naturel et spontané. Mais parfois, nous arrivons à avoir un concept, cela signifie ici que les textes évoquent les opposés. Notre single “Old Tommorow” parle de la nouvelle et l’ancienne génération, de l’avenir, du passé, de la culture des pays de l’Est mais aussi du chaos, de l’harmonie, de l’espoir et de la peur. En général, cela évoque la mort et la vie. Je me concentre vraiment sur ce sujet et j’ai toujours voulu rencontrer les deux côtés de l’histoire. C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi la pochette de l’album avec le tournesol au milieu entouré de noir sur les côtés. Cela reflète l’opposition que nous retrouvons sur l'ensemble de l’album. C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi "Pitch Black Sunset" pour le nom.

C’est très intéressant, effectivement, la pochette est sombre et mystérieuse, je l'apprécie. Peux-tu m’en dire plus sur le sujet et la personne qui l'a produite ?

La pochette est littéralement le fruit d'un accident. D’habitude quand tu composes un album, tu es assez stressé pour le rendu car la pochette doit refléter l’ensemble de ton projet. Mais cette fois-ci c’était vraiment différent car nous étions encore à l’étape d’écriture. Puis, je suis tombée par hasard sur cette image avec ce tournesol sur mon compte Instagram. Je me suis dis que cette photo est vraiment sympa. J’ai réalisé qu’elle a été faite par une photographe allemande. D’ailleurs, elle devrait être plus connue parce que ces photos sont superbes. Je n’avais rien à perdre à lui demander si elle était d'accord pour que nous utilisions sa photo. Normalement c’est assez rare que les photographes acceptent ce type de requête. J'ai tenté ma chance et j'ai demandé un prix à la hauteur d’un groupe comme le nôtre. A ma grande surprise, elle à été si gentille et si abordable. Nous avons discuté pendant dix minutes et elle était honorée que nous utilisions sa photo. J'ai répondu que non c’était moi qui est honorée que tu acceptes ! Je suis tellement contente d’avoir trouvé cette photo et d’avoir eu ce coup de foudre. Ensuite, nous avons fait des petits changements pour rendre l’environnement encore plus sombre en apportant un contraste sur le tournesol. Mais, globalement, nous n’avons pas vraiment retouché la photo originale car elle est magnifique.

C'est vraiment la rencontre idéale The Hellfreaks est un groupe hongrois peux-tu m’en dire plus la scène musicale de votre pays ? La Hongrie n’est pas un grand pays, nous sommes dix millions d’habitants. Évidemment, nous avons une seule capitale et la musique est vraiment centralisée ici. Nous sommes environs deux millions à Budapest. Je pense que la créativité des hongrois est vraiment étonnante et de l’autre je sais vraiment à quel point il est difficile de faire de la musique. Même si nous retrouvons beaucoup de jeunes actifs qui développent leurs créativités, il y a une différence qui se ressent avec le reste de l’Europe. Ici, nous avons peu de petits clubs où les groupes peuvent jouer et c’est vraiment compliqué de maintenir le Rock en vie. Puis, de l’autre, nous avons pas de clubs spécifiques par genre. J’ai vécu durant plusieurs années à Berlin et il y a des clubs spécifiques pour le Metal, le Punk, le Hardcore, le Psychobilly… Les gens peuvent rencontrer différentes scènes distinctes. Mais en Hongrie, nous jouons tous dans les mêmes clubs. Nous séparons pas les genres comme j’ai pu le remarquer dans le reste de l’Europe. Le second point, quand nous avons commencé à faire de la musique c’était mal vue de chanter anglais. Les gens ne parlaient pas vraiment cette langue ici et ce n’était pas vraiment accepté. Aujourd’hui, je vois de plus en plus de groupes qui écrivent leurs textes en anglais et j’appercie vraiment ça. Nous avons aussi cet objectif de briser les codes et d’internationaliser la musique venue d'Hongrie. Je pense que les choses évoluent dans le bon sens même si mais je sais à quel point c’est difficile de garder la musique en vie.

Puis, aujourd’hui avec les plates-formes de streaming c’est plus facile car nous pouvons écouter votre musique partout dans le monde : Oui mais tu sais il y a des bons comme les mauvais côtés. Comme tu l'as dit l’industrie de la musique a changé et les gens peuvent maintenant écouter notre musique grâce aux plates-formes comme Youtube et Spotify. Des personnes d’Australie ou du Mexique peuvent facilement nous trouver, aimer notre musique et en quelque sorte entrer en contact avec car nous adorons parler avec nos fans. De l’autre coté, quand nous avons commencé à faire de la musique c'était tellement facile de partir en tournée car il exsistait davantage de clubs. Puis, c'était plus simple de voyager car cela coûtait moins cher qu'aujourd’hui. Il y a des avantages mais aussi des inconvenants par rapport à l'évolution de l'industrie musicale.

En parlant de tournée, avez-vous des dates prévues ? Oui nous avons quelques dates et nous travaillons pour en rajouter des nouvelles pour la seconde partie de l’année. Pour le moment je ne peux pas en dire davantage. Donc, vous pouvez nous suivre et surveillez notre agenda.

Je vais aborder un autre sujet concernant la scène Metal et les musiciennes. Aujourd’hui, cela semble plus facile et plus représenté qu'auparavant ou rencontres-tu encore des barrières ? Effectivement, c’est plus simple aujourd’hui car quand j'ai commencé à faire de la musique c'était encore très rare. Durant toutes mes interviews, on m'a posé la question sur le fait d’être une fille au lieu d’être un mec dans un groupe. Aujourd'hui, cela change, c'est de plus en plus normal mais ce n’est pas encore égal, il y a encore beaucoup de choses à faire. Personnellement, mes goûts musicaux font que j'appercie vraiment quand une femme est au chant. Je suis toujours heureuse de voir une femme sur scène chanter ou jouer un instrument. Pour moi c'est un projet et surtout un objectif en développant afin que les femmes soient davantage mises en avant dans la scène musicale. Ne vous contentez pas de regarder, faites en partie, n'hésitez pas à aller de l'avant car c'est vraiment important. C'est loin d'être réussi car ce n'est pas encore égal mais cela s'améliore. C'est sûr que c'est beaucoup mieux qu'avant mais je sais que c'est un long chemin. Si nous forçons afin d'avoir ce grand changement que nous souhaitons cela ne semblerait pas juste car c'est un processus totalement naturel. Je pense que nous allons dans la bonne direction et cela se percevoit surtout dans la scène Metal. Je ressents que les femmes sur scène sont les bienvenues. Je vois clairement le bon côté de cette histoire.

Effectivement, cela évolue dans le bon sens. Nous arrivons à la fin de l'interview, pour conclure je te laisse le mot de la fin : Je dis toujours la même chose. Nous adorons parler avec des personnes partout dans le monde. Je sais c'est assez dingue c'est difficile de tourne dans chaque pays mais nous sommes un groupe qui parle beaucoup. Donc s'il vous plaît, suivez-nous et abonnez-vous à nos réseaux. Vous pouvez nous faire des retours, nous partager ce que vous ressentez à propos de notre musique ou tout ce que s'y rapporte. Cela nous rend vraiment heureux d'échanger avec nos fans. Je sais que la musique aide les gens à se sentir mieux et la connexion est encore plus forte quand nous échangions sur ces sujets. C'est le message que je souhaite faire passer n'hésitez pas à venir nous parler.

bottom of page