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Interview avec Junon


© Emmanuel Poteau

 

Avant leur prestation en ouverture de Céleste, la fine équipe de JUNON, après m’avoir offert une bière, a répondu collectivement à mes questions dans sa loge du Métaphone.

Comment votre premier album "Dragging Bodies To Fall" sorti en mars, a-t-il été accueilli ? Nous avons de très bons retours presse et de très bonnes chroniques. Il a été apprécié, se plaçant dans la continuité de notre EP : “The Shadows Lengthen” sorti en 2021. Nous n’avons jusqu’à présent peu défendu l’album avec deux mini tournées. Nous n’avons pas donné beaucoup de dates à cause d’un changement de tourneur qui est tombé au mauvais moment. Rendez-vous en 2025 pour nous voir davantage sur scène ! Nous travaillons déjà sur la suite et sur notre prochain disque. Nous ne sommes pas pressés mais nous sommes inspirés.

Pour cet album, vous avez travaillé avec l’incontournable Francis Castres, comment s’est passée cette collaboration ? C’était une très bonne expérience, humainement comme professionnellement. Il est très à l’écoute. Il est d’une force de proposition, une source d’amélioration et il donne des conseils. C’était juste un peu compliqué au niveau logistique, notamment au niveau du logement sur Paris.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec lui ? Nous l’avons appelé tout simplement. L’idée c’était de sortir de notre zone de confort et de nous mettre en danger. Et ce fut le cas car nos repères ont été chamboulés. Nous avons beaucoup appris. Nous nous sommes retrouvés face à nos défauts et  nos erreurs. Nous sommes sortis grandis de cette aventure. 

Quel message la pochette transmet-elle ? Nous voulions un logo distinctif, déclinable sur notre merch. Nous avons opté pour des tonalités chaudes, en lien avec le dynamisme du titre (“Dragging Bodies To The Fall”). Nous sommes partis sur le rouge, celui de la lave en fusion, du feu et de la destruction. Si l’image paraît simple, elle est en réalité complexe avec un jeu sur les textures et niveau des couleurs. Si on ouvre la pochette du vinyle, on tombe sur des couleurs plus froides et minérales. Pour nous, il est aussi compliqué de réussir l’artwork que l’album lui-même. Plus l’album se conceptualise dans l’image, mieux c’est. 

Vous parlez de “conceptualisé”, “Dragging Bodies To Fallest-il un concept album ?

Non même s’il y a un fil directeur. Nous traitons de l’état de la planète, de comment la Terre se venge de l’humanité. Nous avons une forme de lucidité. C’est une vision réaliste, même si certains peuvent la trouver pessimiste. On peut tenter de changer les choses mais bon, on va dans le mur…Nous avons un sentiment de désolation et plus aucune fois dans l’humanité… Mais nous gardons quand même notre sens de l’humour.

Vous êtes six dans le groupe, sans tous habiter à proximité les uns des autres. Comment travaille-t-on dans ces conditions ? Nous sommes en effet quatre dans les Hauts-de-France, et nous répétons régulièrement, un est dans le sud-ouest et un autre dans le sud-est. Nous ne sommes pas non plus des génies de l’Internet, donc ce n’est pas facile. Nos délais sont donc plus longs que ceux d’autres groupes. Par contre, quand nous sommes à six, en “vrai”, nous devons être efficaces… et nous le sommes ! Nous jouons ensemble depuis dix voir quinze ans donc nous nous connaissons bien et nous savons ce que chacun apprécie. Au final, ça fonctionne bien : nous n’avons pas besoin de nous voir tous les jours.

A quoi ressemble un concert de JUNON ? Nous sommes sur scène des mecs qui veulent se défouler. Nous faisons vivre notre musique, nous tenons à exprimer une énergie et de dégager un maximum d’énergie. Il y a une partie d’expression corporelle qui vient naturellement. D’où ça vient ? C’est un mystère. Nous donnons tout ce que nous avons pour la créer en plus de la partie sonore et visuelle. Nous voulons divertir les gens, leur donner beaucoup et leur faire passer un bon moment. A une période, nous allions peut-être même trop loin.

Que représente GENERAL LEE, le groupe sur les cendres duquel JUNON est né ? C’est une belle tranche de vie, avec quatre albums, deux splits, un EP… et pas mal de dates. Il reste beaucoup de souvenirs car nous avons vécu des expériences très fortes, surtout quand nous étions dans l’underground. Il y a eu certains repas, hum, étonnants, comme en Russie. Nous avons connu des trucs improbables, pittoresques qui créent des liens forts.  Nous sommes une bande de potes. Il nous est ainsi difficile d’intégrer de nouvelles personnes dans le groupe. Nous avons vécu des choses extrêmes fortes et souvent les pires moments sont les plus marquants. GENERAL LEE a duré quinze ans, à une époque où il fallait faire ses preuves dans tous les rades possibles. Rien n'était donné, un grand tri se faisait alors parmi les musiciens. Cela a dû nous coûter en espérance de vie… C’est différent désormais, il y a plus de confort. Nous éprouvons une grande nostalgie envers cette époque mais nous ressentons aussi une forme de gratitude de l’avoir traversée.

Un mot sur CELESTE ? Nous avons déjà joué avec eux à l’époque de GENERAL LEE. Nous nous connaissons bien. JUNON et CELESTE cela donne un plateau varié et donc intéressant. C’est un groupe qui n’a jamais lâché, pour lequel nous avons beaucoup de respect. Ils ont écumé toute la France et l’Europe. Ils ont tout fait eux-mêmes. Ça se débloque pour eux et c’est mérité.



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