Genre : Thrash/Speed Metal
Pays : Etats-Unis
Label : AFM Records
Date de sortie : 13.09.2024
Il y a sans doute un parallèle à faire entre Anvil (chroniqué plus tôt cette année) et Flotsam & Jetsam. Deux groupes pionniers dans leurs genres respectifs, pourtant injustement méconnus par la grande masse de métalleux divers et variés. Deux groupes qui n’ont pourtant jamais arrêtés, poursuivant leur bout de chemin malgré tout, ne se souciant que très peu que leurs collègues qu’ils ont inspirés finissent par s’élever finalement bien au-dessus d’eux. Mais cet ultime Anvil justement avait laissé un goût profondément amer, et servant autant de simili-testament (rien à voir avec le groupe du même nom !) que d’aveu d’échec et d’amertume. "One And Only" paraissait fainéant, mais est plus vraisemblablement épuisé, le groupe ayant avoué en interview ayant connu la galère et pestait de ne jamais avoir touché la gloire malgré un demi-siècle d’efforts. Un destin tragique rappelant que le monde de la musique est parfois bien cruel. Est-ce que Flotsam And Jetsam, apparu à la même époque que les pontes Testament (le groupe cette fois !) ou Death Angel mais pourtant plus discrets qu’eux, nous sort aussi un tel album de la tristesse ?
Fort heureusement, non ! Si le groupe peut se féliciter de n’avoir jamais raccroché les instruments, malgré deux périodes vraiment creuses en termes de qualité (les 90s, comme énormément de groupes de thrash, et le début des années 2010s, alors que le genre commençait à revenir en force…), il peut tout autant se réjouir d’avoir su se recycler de bien belle manière depuis leur album éponyme de 2016. Nul doute que faire venir de nouveaux membres (Steve Conley, Ken Mary et plus récemment Bill Bodily) a été la meilleure solution pour apporter cette cure de jouvence, qui se poursuit depuis quatre albums maintenant. Ce n’est pas courant qu’un seizième album soit mémorable, et pourtant il fait assurément partie du gratin du groupe, au même titre que "Blood In The Water", "The End of Chaos" et donc "Flotsam & Jetsam" avant lui. Pourtant c’est bien ce que nous offre ce "I Am The Weapon", pas entièrement thrash ou speed, mais salement jouissif quand même. Ils ne réinventent pas la formule tant que ça, soyons franc, presque aucun groupe pionnier peut s’en targuer en 2024. Mais ces inspirations heavy et même pas mal power font néanmoins du bien à un thrash qui commence sérieusement à ne plus savoir quoi dire. Le chant d’Eric A.K. emprunte à celui de Bruce Dickinson, lui aussi contemporain, mais aussi à quelques codes du power, offrant des envolées lyriques franchement épiques, que l’on retrouve finalement très peu dans mon genre de prédilection, plus coutumier des cris suraigus et des beuglements de rage. Osez écouter la plage tutélaire, "Black Wings" ou "Running Through The Fire” et me dire ensuite que vous n’y trouvez pas une belle vibe inspirée du power metal, ou a minima à certains tubes plus théâtraux du heavy. Parlant de vibes, difficile de ne pas mentionner le groove succulent de "Beneath The Shadows", puisant cette fois dans le hard rock pour fournir un hook bondissant à souhait. Pas de panique toutefois si vous êtes là pour les gros ponts techniques ou les gros rouleaux-compresseurs… Il y en a en stock ! En atteste "Gates of Hell" ou "The Head Of The Snake”
Malgré une discographie inégale, la relative obscurité du groupe au sein du panthéon du thrash est bien malheureuse. Et ce "I Am The Weapon" en est une énième preuve. Moins hard que beaucoup de leurs comparses, cela ne doit pas vous freiner pour autant à laisser sa chance à Flotsam & Jetsam, au moins pour souligner leur courage. Et plus qu’un simple bonus : vous y découvrirez quelques sons formidables. Essayer, c’est l’adopter !