Genre : Thrash Metal
Pays : Allemagne
Label : AFM Records
Date de sortie : 23.02.2024
D’emblée, le projet Dust Bolt piquait ma curiosité. D’une part : les nouvelles formations Thrash proposent parfois des titres démentiels, fortement inspirés de l’âge d’or du genre, et occasionnant (on peut désormais le dire…) un second âge d’or, ayant débuté son ancrage en 2018 avec un solide mélange de pionniers et de nouvelles formations prometteuses. D’autre part : la cover de l’album me paraissait un peu flemmarde, et de nombreux groupes récents se contentent précisément de reprendre l’essentiel du Thrash, sans chercher pour autant à véritablement innover ce genre culte, mais vieillissant. C’est pourtant une surprise très alléchante qui m’attendait pour ce déjà cinquième album (en une dizaine d’années, c’est plutôt pas mal !), et sans rien n’enlever à la rage si chère au style.
Ce qui étonne d’emblée pourtant, c’est la versatilité du groupe dans ce qu’il propose. "Leave Nothing Behind" débute de manière classique et énervée, avec des instruments prêts à en découdre et un gros son qui tache ! Mais déjà, on se surprend d’entendre un chant lointain, paré d’effets, lui-même alternant entre chant clair et chant growlé. On ne quitte pas totalement la rage adulescente formant l’épine dorsale du Thrash, mais on découvre une sorte de sensibilité peu commune. Cette voix lointaine se retrouve dans beaucoup de titres, et ça donne déjà un côté un peu hors-du-commun à Dust Bolt, qui ne perd pas en fracas, malgré ce chant tantôt plus posé, tantôt plus rageur. "I Witness" surprend également par ce final soudain très lent et lourd comme jamais, du plus bel effet après le rythme soutenu qui précède !
"I Am The One" est encore plus étonnant… un véritable hymne de stade, digne des plus grands tubes du hard rock ! "New Flame", le titre qui suit, parait lui aussi presque inspirant et capable de soulever une salle plutôt que de la conduire droit vers le moshpit violent. "Burning Pieces" est lui aussi puissant, mais presque désespéré. Il conserve un côté attractif, un peu emo plus que purement dévastateur. "Sounds Of Fury" est en plein dedans, et accentue encore le contraste entre une voix calme et douce, et une voix féroce, accompagnées d’instruments eux-mêmes plus doucereux et calmes, pour un crescendo explosif. Cela fait de ce nouvel opus de Dust Bolt un album finalement plutôt attractif et facile d’accès pour le novice dans le genre merveilleux du Thrash, qui a plutôt tendance à nous crier dans les oreilles.
"Love & Reality" ne plonge pas non plus pieds joints dans le Thrash, mais garde un groove endiablé et accrocheur, malgré un refrain à nouveau plus doux et fragile. "Disco Nnection" qui, à mon plus grand regret ne part pas dans un délire disco, s’illustre aussi avec ses chœurs pratiquement religieux, du plus bel effet… et un chouette pont, qui se débarasse des riffs hyper techniques et stridents du genre pour au contraire un délire super bondissant ! "You Make Me Feel (Nothing)" est la power ballad qui manquait au disque pour ravir les fans ardus. L’intro est minimaliste, et rappelle le classique "I Need Your Lovin’", avant de prendre une teinte plus sombre et mastoc. Le son est lourd et riche, englobant même, tout en s’octroyant un poil plus de coffre que le reste de l’album. "Feel The Storm" est puisssant, et ferait un excellent titre de clôture avec sa force douce… s’il n’y avait pas "Little Stone" juste après, véritable épilogue qui ne s’emballe jamais, qui est d’une légèreté presque incompréhensible dans un album de Thrash. Mais qui ne manquera pas de vous émouvoir, malgré (ou à cause) de l’effet de surprise.
En tout et pour tout, cet album de Dust Bolt vole un peu sa classification. Il tord tellement les codes du Thrash qu’il n’a finalement plus grand-chose à voir. Nous ne sommes pas dans un cas à la Venom, qui a fait du black bien plus qu’un accessoire, mais une véritable marque de fabrique sans dénaturer ses racines Thrash (alors que le genre était, de toutes façons, encore en gestation). Mais que cela ne vous freine pas pour autant : si le titre manque de prouesses survoltées en matière de bridges, qu’il ne gueule pas contre la guerre, le gouvernement et la vie… Il ne surprend pas sa force tranquille, par sa sensibilité. Une curiosité intéressante pour son genre, et un album simplement très sympathique dans l’ensemble.