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Ale

ANANDA MIDA - Reconciler



Genre : Rock psyché

Pays : Italie

Label : Go Down Records

Date de sortie : 03.11.2023

 

Quand je dis que l’Italie est un vrai coffre à trésors en matière de musique alternative ! Et c’est étonnant d’autant plus vrai pour les genres qui prennent leur temps, pour déployer des univers riches et planants avec une maestria pratiquement hors-pair. Ce "Reconciler" devait être un triple album et on n’en doute pas une seconde tant il est dense (et long !), mais le duo s’est montré plus raisonnable en se "limitant" à un double opus. Ce qui n’empêche pas le projet de voir grand, faisant intervenir pas moins de douze artistes répartis plic-ploc au travers des huit titres de la galette. Et on parle de titres faisant parfois plus de dix minutes, parfois un quart d’heure… et même plus de vingt minutes pour le bouquet final ! Une formidable épopée qui donne tout, qui tente tout, qui se veut presque inarrêtable dans sa créativité. Difficile de résumer ce projet fou en quelques lignes… Mais on se la tente ?

Ce qui surprend d’emblée en lançant "Stormy Lady" c’est que nous ne sommes pas dans l’éthéré, l’abstrait, le rêve… En fait ça groove pas mal, ça sautille, c’est juste cool et rétro à fond ! Ce serait toutefois dommage de la limiter à cela, tant son pont est furieusement addictif. Une très sympathique entrée en matière, sans grande envolée, mais qui fait le café avec beaucoup d’entrain. On attaque toutefois déjà la grosse artillerie avec "Lucifer’s Wind", titre bien copieux et dont on soulignera le chant, aussi étrange qu’envoûtant. Là aussi, la guitare est bondissante et aguicheuse, donnant un titre avec beaucoup de peps et de mordant ! L’ajout de la seconde voix transfère le côté mécanique de la première pour une touche plus désespérée, plus émotive. Et lorsque l’on croit le morceau proche de la fin… on n’en est qu’à la moitié ! Cette seconde moitié débute lugubre, presque minimal et pas loin du drone, avant de faire revenir la première voix apparaissant bien moins pêchue et au contraire, presque apocalyptique ! Le chant grave se mute en lointains râles, et les instruments semblent témoins de la désolation. Jusqu’à un ultime soubresaut énergique en fin de parcours. Désarçonnant, c’est certain !

"Reconciling" revient à une durée plus modeste, et à un groove plus chaleureux, pour un titre full instrumental. Pas le titre le plus mémorable, bien qu’il donne son nom à l’opus, si ce n’est pour son decrescendo intéressant. Il en va autrement du plus dreamy (et nettement plus long !) "Swamp Thing", débutant tout en douceur et légèreté. Tout du long, le morceau est moody, mélancolique, presque triste. Un titre tendre, poignant, qui prend allègrement son temps et il a bien raison ! Et là encore : le pont est un chef-d’œuvre, tout en douceur, qui nous transporte ailleurs. Mais comme souvent avec le genre et ses titres les plus copieux, il se scinde en plusieurs épisodes… Et ici, le bouquet final revient asséner une belle couche de disto musclée pour parfaire le tableau ! On revient à de l’explosif avec "Never Surrender", sans doute le titre le plus rapide de tous. On n’est pas loin du fuzz rock avec ce chant plein de reverb ! Pas énormément à commenter, mais ne voyez pas ça comme un mal… Il donne une patate d’enfer ! Tout en conservant sa deuxième moitié pour un petit passage mélancolique, sentant bon le sable chaud, la mer, les vacances presque… Là aussi, du lourd !

"Following The Light" n’est pas aussi calme que "Swamp Thing", mais suit une démarche similaire de douceur, malgré un tempo un poil plus puissant. On se laisse perdre dans cet océan figuratif, où les instruments sont rois et où notre oreille se trouve bercée dans une tendre embrasse. La deuxième version de "Reconcile" est un poil plus intéressante, avec sa teinte presque sinistre. En total contraste avec les trois morceaux précédents, elle parait nettement plus sombre… un twist surprenant, mais bien plaisant. Avec un pas lourd, traînant, qui accentue encore la morosité de l’ensemble. Répétitive et minimaliste, la chanson n’en souffre pas. Au contraire, cela accentue son ambiance ! Terminons enfin cette longue chronique par "Doom & The Medicine Man V-VIII", chapardant presque un tiers de la durée de l’album. Elle débute à nouveau avec un groove sacrément enivrant, qui troque sa place fréquemment, pour mieux varier les plaisirs au sein d’un titre naturellement généreux de par sa longueur. On replonge ainsi dans du plus minimal et cathartique, fragile et paisible. On aura noté la présence des nombres romains "V-VIII" dans le titre du morceau, et pour cause… on croirait vraiment entendre quatre morceaux en un, s’appropriant un quart très différent à chaque fois. Le troisième quart revient à une ambiance plus glaçante, lente et glauque. Et presque sans transition… Les trois dernières minutes reviennent vers du mélancolique, avec une simple guitare acoustique et une voix claire et lointaine, presque résignée. Une fin simple, mais parfaitement adéquate face à cette formidable épopée.

Riche et passant par toutes les émotions, ce projet dantesque du duo derrière Ananda Mida est un petit bijou sur lequel on vous invite vraiment à jeter une oreille attentive. Il y a un peu de tout… Et même si ça supporte mal une écoute rapide et désintéressée, vous ne regretterez pas de vous y pencher, titre après titre !



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